De 1972 à la fin des années 1980, de jeunes militants, rassemblés dans la Ligue marxiste révolutionnaire (LMR), puis le Parti socialiste ouvrier (PSO), ont fait de Bienne un bastion de contestation sociale. Entre luttes ouvrières, féminisme et engagement international, ce mouvement d’inspiration trotskiste a développé une activité intense et influencé la vie sociale et politique de la ville du Seeland. Avocat et ancien député vaudois, Jean-Michel Dolivo est Biennois d’origine et l’une des figures du groupe. Dans le journal solidaritéS, il se souvient d’avoir été alors porté «par l’espérance d’un changement radical de société, par le souffle de Mai 68 qui avait également touché la Suisse»: «Nos espoirs se nourrissaient notamment des expériences de l’Unité populaire au Chili, de la résistance du peuple vietnamien à l’impérialisme américain, des mouvements anti-franquistes en Espagne, mais aussi des grèves ouvrières, comme celle de Lip à Besançon, celle des pianos Burger et Jacobi à Bienne, ou encore des mouvements de libération des femmes.» Ayant compté jusqu’à quarante membres actifs, la formation, à l’instar des autres sections du PSO, s’est dissoute à la fin des années 1980. L’Alliance Verte et sociale a repris le flambeau à Bienne. Aujourd’hui, des vétérans de ces luttes ont voulu préserver l’héritage de leurs combats en ouvrant un site internet présentant des entretiens, des photos et des affiches, des brochures et des coupures de presse, mais aussi des… fiches de la police politique. Une exposition d’affiches au St.Gervais, restaurant où les militants avaient leurs habitudes, complète la démarche. On y apprend que, dès sa fondation, la LMR a cherché à entrer en contact avec le monde ouvrier. Les camarades sont allés à la rencontre des saisonniers et ont été solidaires des luttes des travailleurs. L’horlogerie traverse alors une grave crise, les militants mettront sur pied des comités de chômeurs pour défendre les droits des sans-emploi. En 1980, la LMR décide de se «prolétariser». Une dizaine de jeunes arrêtent leurs études pour «s’établir» dans les entreprises et y dénoncer l’exploitation capitaliste. On découvrira avec intérêt des témoignages racontant cette épopée militante.
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