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Reconnaissance exemplaire des droits syndicaux en entreprise

Chez le cigarettier Philip Morris, le comité syndical est habilité à jouer pleinement son rôle. Avec une bonne CCT à la clé

La convention collective conclue entre Unia et le cigarettier Philip Morris à Neuchâtel contient non seulement des avancées sociales et salariales mais elle garantit également l'exercice des droits syndicaux au sein de l'entreprise. Comment est-on parvenu à ancrer un réel partenariat social dans la réalité des ateliers et des bureaux? Réponse du comité syndical Unia, artisan majeur de cet accord.

A l'heure où un certain nombre d'entreprises (surtout dans le tertiaire) entravent l'activité syndicale ou ne la tolèrent que du bout des lèvres, Philip Morris Production (PMP) à Neuchâtel-Serrières est au contraire au rang des sociétés qui jouent la carte du partenariat social. «La direction est véritablement ouverte au dialogue et elle respecte les droits syndicaux», confirme Pascal Crespin, secrétaire syndical chargé de ce dossier à Unia Région Neuchâtel.

Congés syndicaux
Baptisée «accord portant sur le statut collectif des employés», la convention collective de l'entreprise, renouvelée en début de cette année et signée par Unia et la direction, contient en effet des dispositions garantissant concrètement la reconnaissance des droits syndicaux. Pour l'exercice de ces droits, le délégué syndical bénéficie d'un jour payé par semaine tout comme le président du comité syndical Unia (comité d'entreprise). Les membres de ce même comité ont droit à trois heures en moyenne par mois. Des congés payés sont également accordés pour la participation aux négociations de l'accord d'entreprise ainsi qu'aux assemblées générales du syndicat, à raison de cinq jours par année au maximum. L'article 24.6 précise que «la propagande en faveur du syndicat signataire, pendant la durée du travail, peut être faite par les membres d'Unia branche tabac PMP SA avec l'accord de la direction et dans le bureau mis à disposition à cet effet». Pour l'occasion, un membre du comité syndical de l'entreprise est libéré de son travail. La marge de manœuvre est large. «Nous avons par exemple obtenu les moyens techniques de réaliser un site intranet et une brochure de 28 pages pour expliquer ce qu'est Unia et inciter nos collègues à y adhérer», explique Raymond Dobler, président du comité syndical Unia de PMP.
L'accord précise également que l'entreprise verse une contribution pour le travail syndical et prend en charge les cours de formation Unia, selon «la pertinence» du contenu. Exemple: «L'année dernière, j'ai suivi un cours Movendo de trois jours sur la manière de gérer une commission d'entreprise et sur l'art de négocier», note Christianne Romy, vice-présidente du comité syndical.

22 semaines de congé maternité
La nouvelle convention est qualifiée par Christianne Romy comme «l'une des meilleures du pays». Côté social, elle prévoit notamment un congé maternité de 22 semaines, des congés d'adoption d'un mois, des congés en cas de décès de 5 jours, désormais étendus aux frères et sœurs. Les vacances sont de cinq semaines, six à partir de 50 ans et sept dès 60 ans (58 ans à partir de 2011). Les jours fériés payés sont au nombre de dix. Les primes de fidélité vont jusqu'à 3000 francs par année après 20 ans de service, cela assorti de cadeaux tous les cinq ans, de participations aux primes d'assurance maladie et d'une réduction de 15% pour les chèques Reka. S'agissant des rémunérations, les primes d'équipe s'élèvent à 704 francs ou 792 francs selon que l'on travaille en deux ou trois équipes. Quant à la négociation sur les salaires, elle a débouché sur une augmentation globale de 2,43% de la masse salariale. En marge de la convention, le comité a également obtenu la refonte des horaires en équipe, selon la volonté exprimée par 86% des voix du personnel consulté.

Menace sur l'emploi
La convention est désormais étendue à l'administration et à une partie des postes à vocation internationale, ce qui fait passer d'environ 500 à 650 le nombre de personnes assujetties. «Les négociations ont parfois été difficiles mais elles sont restées marquées par un dialogue constructif. Nous n'avons bien sûr pas obtenu tout ce que nous souhaitions, mais le résultat est positif, ce qui n'était pas évident dans la conjoncture actuelle», constate Raymond Dobler.
S'agissant de l'emploi, le comité syndical partage les craintes de la direction face aux négociations actuellement en cours entre la Suisse et l'Union européenne dans le cadre d'un accord portant sur les domaines de l'agriculture et de la santé. Si la Suisse acceptait de faire sienne l'interdiction européenne de produire des cigarettes contenant plus de 10 mg de goudron, 1 mg de nicotine et 10 mg de monoxyde de carbone pour certains marchés à l'exportation, l'industrie cigarettière helvétique (près de 12000 emplois directs et indirects) se verrait fortement touchée. «Chez nous, où deux tiers de nos activités sont tournées vers l'exportation, cela pénaliserait près de la moitié de la production», déplore Christianne Romy. «On fera tout pour défendre nos emplois, quitte à aller manifester à Berne s'il le faut!»

Pierre Noverraz