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Réfugiés en Bosnie: misère et abus à répétition

Médecin dans le camp de Bosnie, Dirk Planert a photographié les terribles conditions de vie et de santé des réfugiés vivant sur cette ancienne décharge municipale.
© Dirk Planert

Médecin dans le camp de Bosnie, Dirk Planert a photographié les terribles conditions de vie et de santé des réfugiés vivant sur cette ancienne décharge municipale.

Le Forum civique européen tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur la dramatique situation de réfugiés parqués à la frontière bosno-croate et la violation de leurs droits. Il continue à faire pression politiquement

Surpopulation, manque de nourriture, de médicaments, de vêtements, d’infrastructures sanitaires...: entassés dans des tentes installées en juillet dernier sur une ancienne décharge municipale de la ville de Bihać, au nord-ouest de la Bosnie-Herzégovine, plusieurs centaines de réfugiés sont confrontés à une précarité extrême. La majorité d’entre eux viennent d’Afghanistan, du Pakistan, de Syrie et d’Irak, et nourrissent l’espoir de gagner l’Union européenne. Ce rêve, à un jet de pierre de la frontière croate, se heurte à une politique migratoire déjà dénoncée à plusieurs reprises par le Forum civique européen (FCE) Suisse. L’ONG revient aujourd’hui à la charge avec un nouveau rapport témoignant de conditions d’existence qui ne cessent d’empirer pour ces exilés empruntant la route des Balkans. «Depuis notre premier voyage en mars, la situation s’est encore dégradée», affirme Claude Braun, du FCE Suisse, après avoir décrit la misère des abris de fortune découverts cet été. Et avoir rappelé la violence que subissent les migrants qui tentent d’entrer dans l’Union européenne (UE). «La police des frontières croate frappe, vole et humilie systématiquement les réfugiés interceptés. Elle les refoule sans qu’ils puissent déposer une demande d’asile. En toute illégalité», poursuit le militant. Cette problématique, à la suite de campagnes de sensibilisation du FCE, avait généré un vaste mouvement de solidarité concrétisé par l’envoi, en juin dernier, de plus de 800 lettres au Conseil fédéral. La réponse reçue laisse le représentant du FCE pour le moins amer.

Complicité de la Suisse...

«La conseillère fédérale Karin Keller-Sutter s’est contentée de belles paroles en faveur des droits humains. Nous voulons du concret.» Claude Braun souligne encore au passage l’accueil à Berne, en juillet dernier, de la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarović, «sans que le sujet migratoire, vraisemblablement, n’ait été évoqué». «Elle a pourtant admis et justifié publiquement “un peu de violence”.» Et le FCE de fustiger la «complicité de la Suisse et de l’UE» dans ces violations des droits humains: «Ces atteintes ne seraient pas possibles si elles n’étaient tolérées, voire couvertes, par des autorités supérieures. La responsabilité principale des refoulements incombe à l’UE. La Croatie n’est que son chien de garde. La Suisse est coresponsable, car elle soutient le régime frontalier de l’UE en tant que membre de Schengen et de Frontex, et n’a pris aucune initiative pour soulager la Bosnie et aider les réfugiés.» Le FCE n’est pas seul à se préoccuper de la situation prévalant dans la région. Les conseillères nationales Samira Marti et Mattea Meyer ont, elles aussi, interpellé en juin et en septembre le gouvernement sur ces questions. Les réponses, là encore, sont jugées clairement insatisfaisantes par Claude Braun. Le collaborateur du FCE signale en outre un récent jugement du Tribunal administratif fédéral qui a décidé de suspendre provisoirement l’expulsion d’un requérant syrien vers la Croatie. «Et pour cause. Il est de plus en plus évident que le droit d’asile n’est pas garanti dans ce pays.»

L’hiver en sandales

Dans ce contexte, le FCE poursuit sa pression politique à l’échelle européenne et suisse. Il réclame que les migrants puissent accéder légalement à l’UE – où ils comptent souvent déjà des membres de leur famille – et l’arrêt immédiat des renvois en Croatie. Il demande aussi à la Confédération de s’engager à prendre un contingent de réfugiés stationnés en Bosnie, «un nombre proportionnel à la gravité de la situation». Enfin, il organise, le 27 novembre prochain à Berne, une soirée d’information sur les conditions d’existence des exilés en Bosnie. Des représentants d’initiatives de la société civile œuvrant sur le terrain participeront à la rencontre et témoigneront de leur activité. Le FCE en appelle également à la solidarité de donateurs. «Grâce à leur soutien, à chaque voyage, nous amenons des médicaments, des pansements et de l’argent pour les bénévoles de différents pays qui soutiennent les réfugiés. Les migrants du camp de Bihać ne reçoivent qu’une aide minimale de la Croix-Rouge. L’hiver se profile et certains, arrivés en sandales, n’ont même pas de chaussures à se mettre...»


Pour participer à la campagne de lettres: forumcivique.org

Soirée d’information «Terminus Bosnie», mercredi 27 novembre à 19h, au CAP, Eglise française, Predigergasse 3, Berne.
CCP Forum civique européen Bâle: 40-8523-5

Manifestation nationale contre les camps

Organisée par le réseau Migrant Solidarity Network, une manifestation pour dénoncer les camps de réfugiés, en Suisse, en Europe et à ses frontières extérieures aura lieu le 9 novembre à 14h à Berne (voir ici).

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