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Refus des 177 licenciements chez GF AgieCharmilles

Unia rejette avec vigueur les suppressions d'emploi annoncées par le groupe. D'autres voies sont possibles

Georg Fischer SA donne un mauvais signal pour l'ensemble de l'économie suisse. Face à la chute des commandes de ses machines, l'entreprise supprime 177 emplois au lieu d'utiliser le chômage partiel et d'employer une partie de ses réserves pour investir dans la formation du personnel. C'est d'autant plus inquiétant que Gerold Bührer, président de la faîtière patronale Economiesuisse, et Flavio Cotti, font partie du conseil d'administration de la firme.

On attendait mieux comme nouvelle en ce début d'année. Face à la crise, le groupe Georg Fischer SA a décidé d'employer les moyens les plus drastiques à l'encontre de ses employés. L'entreprise a annoncé le 12 janvier que 177 emplois passeront à la trappe en Suisse au sein de sa division GF AgieCharmilles, spécialisée dans les machines à électroérosion, soit plus de la moitié des 340 postes qui seront supprimés dans le monde. Cette annonce donne un très mauvais signal à tous les employeurs suisses confrontés aux conséquences de la crise financière mondiale de 2008, dénonce Unia. Ceci d'autant plus que deux des membres du Conseil d'administration de Georg Fischer SA ne sont autres que Gerold Bührer, président de la faîtière patronale Economiesuisse (et ancien président du Parti radical) et Flavio Cotti, ancien conseiller fédéral PDC... «Unia attend de ces deux personnalités qu'elles prennent leurs responsabilités face à l'ensemble de l'économie et renoncent à prononcer des licenciements hâtifs», insiste le syndicat dans un communiqué.

Alternatives...
Si l'on savait que l'entreprise connaissait des difficultés depuis novembre dernier, surtout en raison de la baisse des commandes de ses machines, les solutions envisagées jusqu'alors concernaient la mise au chômage partiel d'une partie des employés. Il y a en effet d'autres moyens que les licenciements pour répondre à une crise conjoncturelle: chômage partiel, réduction des horaires, diminution des emplois en attendant les départs «naturels», investissements dans la formation des employés, etc. Ceci en attendant une reprise des commandes au cours des mois ou de l'année à venir. Et Georg Fischer SA peut se le permettre: «Le groupe a largement profité de l'embellie économique. Depuis 2003, cette entreprise a augmenté ses réserves de 25%, si bien qu'elle a assez d'argent pour conserver ses collaborateurs même en période de vaches maigres», assure Daniel Lampart, économiste en chef de l'Union syndicale suisse.

Cinq sites touchés
Unia fait le même constat au sujet de GF AgieCharmilles qui a réalisé de bons résultats ces dernières années et a pu améliorer l'état de ses fonds propres. Le syndicat Unia s'oppose donc avec vigueur à tous les licenciements annoncés. Et demande un délai de consultation de 30 jours, au lieu des 12 prévus par la convention collective des machines, pour pouvoir élaborer un plan d'alternatives aux licenciements. Ceux-ci concernent en effet cinq sites en Suisse, qui doivent pouvoir se coordonner entre eux dans un délai raisonnable. Les plus touchés sont les usines de Meyrin à Genève (qui perdrait 65 postes sur 463) et celle de Losone au Tessin (59 emplois sur 448). Viennent ensuite les sites de Luterbach à Soleure (22 sur 145 employés), celui de Nidau près de Bienne (17 sur 283) et Schaffhouse (14 sur 71). Les suppressions d'emplois en Suisse concernent pour les deux tiers des postes dans la vente et le marketing et pour un tiers dans les ateliers de production du groupe.
Les délégués du personnel de chacune des entreprises se sont pour la plupart réunis la semaine dernière. Une assemblée de l'ensemble des commissions du personnel des sites d'AgieCharmilles, avec le syndicat, devait avoir lieu hier, mardi 20 janvier à Berne, pour établir un plan d'alternatives et décider d'un certain nombre de revendications communes. La négociation d'un plan social commun à l'ensemble des sites sera notamment en discussion.

Christophe Koessler