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Stop aux emplois au rabais!

Pour les syndicats genevois, les nouvelles dispositions en matière d’emplois de solidarité sont insuffisantes, voire encore plus précarisantes

Le 25 septembre dernier, le Conseil d’Etat genevois a annoncé les modifications du règlement concernant les emplois de solidarité (EdS), ces postes de réinsertion qui concernent entre 600 et 700 chômeurs en fin de droits au bout du lac. Le gouvernement a d’abord introduit l’obligation de respecter les salaires fixés par les conventions collectives de travail (CCT) étendues et les contrats types avec salaires minimaux obligatoires. Et dans un second temps, il prévoit la possibilité de limiter la durée de l’octroi d’une mesure d’EdS à trois ans, chose qui n’existait pas jusqu’ici.

Pour la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), si un «demi-pas» a été fait en déclarant obligatoire ce qui l’était déjà, il reste largement insuffisant. «Le bas niveau salarial des EdS dans les secteurs couverts par une CCT étendue, un CTT ou les usages, était tout simplement illégal, rappelle Alessandro Pelizzari, président de la CGAS. Mais la non-application d’une CCT d’entreprise, comme c’est le cas par exemple à la Croix-Rouge genevoise, l’est tout autant, ce que l’Etat refuse d’admettre.» Pour les syndicats genevois, le Conseil d’Etat a raté une occasion de mettre définitivement fin à une sous-enchère organisée par l’Etat. Pire encore, en limitant la durée individuelle des mesures dans le but d’augmenter la rotation desdits postes et d’en faire profiter plus de chômeurs, il rajoute une couche de précarité à ce dispositif. «L’immense majorité des salariés au bénéfice de cette mesure retourneront donc au chômage au bout de trois ans avec des indemnités de 2580 francs par mois», déplore la CGAS.

A travail égal, salaire inégal

Pour Davide De Filippo, vice-président de la CGAS, il y a un problème sur le fond: «Nous ne voulons plus de ces emplois au rabais! L’immense majorité des EdS exécutent des tâches d’utilité publique qui devraient faire l’objet de vrais emplois intégrés au secteur public ou au secteur subventionné, avec les mêmes conditions de travail.»

Par ailleurs, la faîtière syndicale demande au ministre de l’Emploi, Mauro Poggia, qu’il précise quel dispositif sera appliqué et à quel employeur d’EdS. «Je pense par exemple aux assistantes parentales travaillant à la Fondation Pro Juventute: quel salaire leur sera donné dès lors que ProJu n’a pas de CCT et que le CTT de l’économie domestique n’est pas applicable à ce cas de figure?» interroge le syndicaliste.

Les salariés en emploi de solidarité devraient recevoir prochainement des congés-modifications découlant de ce changement du règlement. La CGAS invite les EdS à immédiatement prendre contact avec leur syndicat pour organiser la consultation légale de manière collective avant la fin d’année.

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