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SwissCovid? Non merci

On sait la technologie extrêmement développée. On sait aussi que nos téléphones portables peuvent être des espions potentiels. Mais qu’ils le soient à un niveau aussi précis fait froid dans le dos. En découvrant ce que permettra l’application de traçage du coronavirus qu’entend instaurer le Conseil fédéral, les craintes sont décuplées… «Seules les données nécessaires au calcul de la distance et du temps de rapprochement et à l'émission des messages d'information sont collectées ou traitées», dit le projet de modification de la Loi sur les épidémies qui sera soumis au Parlement lors de la session de juin. Il s’agit là de l’aveu que d’autres renseignements pourraient être accessibles à notre insu, en plus d’être suivis en temps réel et à une précision de moins de deux mètres! Cela, «grâce» à la technologie Bluetooth, prétendument horizontale, l’application de traçage SwissCovid se chargeant de transférer les informations recueillies vers des centres de stockage. Le projet précise qu’il n’y aura pas de géolocalisation. Or avec le recoupement des données, il sera aisé de situer l’emplacement d’une personne. Quant à l’anonymat assuré, on peut en douter. Le projet de loi indique que, lors du traitement des données, toutes les mesures appropriées «doivent être prises pour éviter que les participants puissent être identifiés». Cela veut bien dire que l’identité des «volontaires» sera en main des gestionnaires du programme, même s’ils s’engagent à ne pas la communiquer. Sauf peut-être en cas de besoin épidémiologique… La loi actuelle autorise en effet la transmission des données des personnes malades ou ayant été infectées à des autorités étrangères. Et la loi liste: «nom, prénom, adresse, date de naissance et activité professionnelle; itinéraires empruntés, lieux de séjour, contacts avec d’autres personnes, des animaux ou des objets; résultats d’analyses médicales», etc., etc. Inquiétant…

Où s’arrêtera cette application de pistage? Personne ne le sait. Faut-il prendre le risque d’une dérive de surveillance généralisée alors que, de l’aveu même du Conseil fédéral, les systèmes de traçage de la téléphonie mobile «ne peuvent pas remplacer le traçage classique des contacts par les autorités cantonales compétentes», tel que celui effectué actuellement? Pour le Conseil fédéral, les applications par téléphone ne sont que des «outils d'aide utiles».

Faut-il, au nom de cette utilité relative, accepter une application qui pourra pister et contrôler les individus, connaître leurs déplacements et leurs fréquentations durant des semaines? Faut-il, au nom de cet «outil d’aide utile», dont certains scientifiques estiment qu’il n’a pas prouvé son efficacité, accepter de brader nos droits à la protection de la sphère privée, à la liberté d’association, à la liberté d’expression? Des spécialistes en sécurité informatique mettent aussi en garde contre les abus qui pourraient découler non seulement de l’Etat, mais également de trackers et de pirates informatiques appâtés par des données médicales hautement rémunératrices…

La Loi sur les épidémies donne déjà de pleins pouvoirs au Conseil fédéral. Nos libertés démocratiques, de nous réunir, de manifester, sont encore sous cloche, alors que les droits de l’économie privée ont été désentravés. L’application de traçage du virus porte en elle toutes les dérives possibles. Elle doit être clairement rejetée!