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Syndicats genevois: lutte contre la précarité

Action des syndicats pour inviter la population à voter oui.
© Thierry Porchet

Les syndicats genevois se sont mobilisés en faveur des victimes de la crise sanitaire.

A la veille de la votation sur l’indemnisation des travailleurs précaires, la Communauté genevoise d’action syndicale a organisé une semaine d’actions et de sensibilisation

Le 7 mars prochain, la population genevoise devra se prononcer sur la Loi cantonale relative à l’indemnisation pour perte de revenus liée aux mesures de lutte contre le coronavirus. Pour mémoire, cette dernière, combattue par référendum, prévoit un paiement rétroactif aux travailleurs qui, dans le cadre du semi-confinement du printemps 2020, ont perdu leur gagne-pain et n’ont touché aucune aide, passant au travers des mailles du filet social. Dans ce contexte, la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) a organisé la semaine dernière plusieurs actions de sensibilisation à la précarité dans laquelle se trouvent nombre de victimes de la crise sanitaire. La première s’est déroulée le 23 février, devant l’Office cantonal des poursuites. «La situation est dramatique. Nous assistons à une explosion de personnes aux poursuites. Il suffit déjà de voir les queues devant le bâtiment. Des signaux alarmants proviennent aussi de l’Asloca. Nombre de locataires ne parviennent plus à payer leur loyer», précise Davide De Filippo, secrétaire syndical du Sit. Cette situation frappe en particulier les salariés soumis à la réduction d’horaire de travail (RHT), les chômeurs, les étudiants qui ne trouvent plus de petits jobs, les travailleurs précarisés, les indépendants, etc. La CGAS a alors demandé aux propriétaires, aux régies, aux assureurs, aux banques de participer à l’effort en renonçant à leurs créances. Les autorités doivent, elles aussi, selon elle, faire un geste en décrétant un moratoire sur les poursuites frappant cette catégorie de population.

Des droits, non la charité

Les syndicats ont en outre alerté sur les sanctions exercées à l’encontre des chômeurs qui ne réussissent pas à présenter suffisamment de preuves de recherches d’emplois. «Ils sont censés en produire 14 par mois. Beaucoup d’entre eux travaillaient dans le domaine de l’hôtellerie-restauration. Un secteur pratiquement au point mort. Il faut cesser de les mettre sous pression et renoncer à les pénaliser, voire lever ces obligations. Comment prétendre que les gens fassent des démarches ou trouvent du travail alors que l’activité économique est à l’arrêt, que l’offre de places n’existe plus. C’est hypocrite», s’indigne le collaborateur du Sit. A cet égard, la CGAS a déposé une pétition munie de quelque 4000 signatures réclamant la fin du harcèlement des personnes au chômage. Elle exige en outre une prolongation immédiate de la durée des indemnités et des délais-cadres. «Contre la précarité, nous voulons des droits plutôt que la charité.» Un tractage a aussi été organisé pour fustiger le «référendum de la honte» de la loi soumise au verdict des urnes. «Aux travailleurs précarisés, ouvriers temporaires, employés de maison, extras sur appel dans les restaurants, artistes et autres acteurs culturels, les référendaires ne veulent concéder que la charité et la soupe populaire», a dénoncé la CGAS. Un accent particulier a encore été mis sur la situation des travailleuses domestiques qui, précisent les syndicats, ont été des milliers à avoir été licenciées sur-le-champ ou à avoir perdu de nombreuses heures de travail chez différents employeurs. «Parce que nombre de ces derniers ne les déclarent pas aux assurances sociales, ou parce que certaines d’entre elles n’ont pas de permis de séjour, elles n’ont eu droit ni au chômage, ni aux RHT, ni aux APG, ni à rien du tout.»

Trous dans le filet social persistants

Si, note Davide De Filippo, une partie de l’activité a repris dans ce domaine, beaucoup souffrent toujours des effets de la crise sanitaire. «Des craintes demeurent auprès des personnes âgées qui sont alors davantage prises en charge par les familles. Il y a aussi des patrons qui, subissant également les conséquences de la pandémie, n’ont plus les moyens de rémunérer une employée domestique, des mères célibataires, en RHT, qui doivent gratter sur leurs dépenses de garde d’enfants.» Le syndicaliste souligne encore les difficultés psychologiques auxquelles peut se heurter le personnel de maison actif dans des ménages où les habitants sont en télétravail.

Autant de situations de précarité qui devraient inciter la population genevoise à glisser le 7 mars prochain un oui à la loi en votation. Cette dernière ne suffira toutefois pas à résoudre tous les problèmes. «La pandémie a mis en lumière les trous du filet social mais ces derniers existaient déjà. Et les pertes de revenus ne se sont pas arrêtées avec la levée du semi-confinement. Nous demandons la mise en place d’un système pérenne. La pauvreté ne prendra pas fin avec la disparition du Covid-19.» La CGAS réclame également le versement de l’intégralité des salaires pour les personnes en RHT et gagnant jusqu’à 5000 francs. «Il s’agit aussi de maintenir le pouvoir d’achat.»

Après une journée de mobilisation le 1er mai et un rassemblement le 19 décembre dernier, la CGAS espère que sa semaine d’actions favorisera une sortie de crise solidaire. Il y a cinq ans, note-t-elle en substance, le rapport du Conseil d’Etat sur la pauvreté indiquait que, à Genève, une personne sur six était confrontée à la problématique. Combien sont-elles aujourd’hui, après un an de pandémie?

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