Un film pour les 150 ans du Congrès de Saint-Imier
Une souscription est lancée pour boucler le budget de Jura libertaire, un documentaire consacré à la fondation de l’Internationale antiautoritaire
Il y a 150 ans, les 15 et 16 septembre 1872, des délégués venus des quatre coins de l’Europe se retrouvaient à Saint-Imier, dans le Jura bernois, pour fonder l’Internationale antiautoritaire. Parmi eux, le Russe Mikhaïl Bakounine, l’Italien Errico Malatesta ou le Suisse James Guillaume. En rupture avec la direction de l’Association internationale des travailleurs, ils prirent quatre résolutions qui posèrent les bases du mouvement anarchiste.
La Coopérative audio visuelle d’entraide (CAVE), basée à La Chaux-de-Fonds, s’attelle aujourd’hui à faire revivre cette page d’histoire à la faveur d’un film documentaire, Jura libertaire, qui sera tourné cet été. «Le Congrès de Saint-Imier a marqué l’histoire du mouvement ouvrier très profondément», explique Michel Némitz, cheville ouvrière du projet et figure du mouvement libertaire jurassien.
Dans les années 1870, le Jura bernois et les Montagnes neuchâteloises sont le point de convergence des anarchistes. Les horlogers y ont constitué une organisation dissidente de la Première Internationale, la Fédération jurassienne, dans le contexte des luttes opposant les tendances représentées par Bakounine et Marx. Le Jura est un peu le berceau de l’anarchisme, mais Michel Némitz préfère y voir un «creuset»: «C’est l’apport des migrants et les échanges internationaux qui permirent l’émergence de la pensée libertaire. La région fut un carrefour.»
Entre Saint-Imier et Le Locle, le film réalisé par une jeune cinéaste, Camille de Pietro, nous emmènera dans quelques lieux historiques. Pour nous plonger dans cette époque, s’ajouteront aux images d’archives des dessins réalisés par l’illustrateur Hermann Mendes. Durant cette balade, deux bons connaisseurs du monde anarchiste, les historiens Florian Eitel et Marianne Enckell, interviendront aux côtés de Michel Némitz et d’une militante libertaire âgée de 26 ans, Sophie Légeret, spécialiste de l’autogestion, offrant tout à la fois une rencontre avec le passé et un questionnement sur l’avenir. Ça causera notamment d’autogestion, «clé de voûte des mouvements libertaires», mais aussi de «syndicalisme révolutionnaire avec cette idée d’un syndicat organisé à la base», promet Michel Némitz.
Mais voilà, il manque encore quelques sous pour boucler le budget du documentaire. Une souscription a été lancée. Le militant est optimiste: «Le film sortira avant la fin de l’année, il sera projeté dans les cinémas, les centres culturels et proposé aux télés qui le veulent bien.»