Un «Manifeste du care» adopté lors d’un colloque d’Unia
Les besoins des patients et les valeurs éthiques des soignants sont au cœur d’un document plaidant pour des soins de qualité discuté et approuvé samedi à Olten.
Unia s’apprête à lancer un «Manifeste du care». Issu d’un travail collectif impliquant des personnels médico-sociaux, le document a été longuement discuté et adopté à l’unanimité samedi à Olten lors d’un colloque sur les soins organisé par le syndicat qui a rassemblé plus de 80 participants.
«Les soins vont droit dans le mur», rappelle le texte, du fait de l’évolution démographique, les besoins en matière de soins aux personnes âgées augmentent, tandis qu’un nombre croissant de postes restent vacants en raison des grandes difficultés à retenir et attirer le personnel médico-social. Une étude menée par la Haute école spécialisée de la Suisse italienne (SUPSI) montre que l’organisation du travail est la principale cause de la frustration du personnel. Alors que le personnel travaille selon la «logique du care», qui implique de s’adapter à des besoins sans cesse changeants, du fait du sous-financement, le travail est organisé de manière rigide, et l’aspect social et relationnel est systématiquement marginalisé, alors qu’il est central dans la pratique. Les rythmes de travail sont donc épuisants et laissent trop peu de temps à la dimension relationnelle. Dans ces conditions, le personnel soignant ne parvient pas à répondre aux exigences en matière de qualité et quitte le métier. Le manifeste met l’accent sur le respect des besoins et aspirations des patients et des valeurs éthiques des soignants. «Il faut en particulier que le personnel soignant soit lui-même partie prenante du débat sur l’organisation du travail. Car ce sont les soignants qui disposent de la meilleure expertise sur les besoins des résidents dont ils et elles s’occupent», explique Nicolas Pons-Vignon, professeur à la SUPSI et participant au colloque.
Autre élément essentiel: le soutien, la prise en charge et les soins aux personnes âgées doivent être reconnus, organisés et financés publiquement et il s’agit d’«inverser la tendance de la commercialisation». Le manifeste imagine ainsi qu’un impôt fédéral sur la fortune et de solidarité pourrait être institué pour financer le care. «Pour avoir le temps de pratiquer des soins qualité, mais aussi de soigner les rapports humains, il faut un meilleur financement. C’est une question de volonté politique», souligne Enrico Borelli, coresponsable de la branche des soins d’Unia.
Le Manifeste affirme que c’est par la mobilisation du personnel qu’une société solidaire pourra voir le jour, et en appelle au personnel soignant: «Il est urgent de nous réveiller!»
Les dernières propositions doivent encore être intégrées au texte avant qu’il ne soit rendu public. Enrico Borelli se réjouit par avance de pouvoir s’y appuyer «pour renforcer nos liens et notre ancrage syndical dans la branche et sur les lieux de travail».