Un pas vers des pratiques plus responsables
Elle ne demande pas la lune. Pourtant, ses opposants font feu de tout bois pour que l’initiative pour des multinationales responsables soit rejetée en votation le 29 novembre prochain. Une initiative exigeant simplement que la Confédération prenne «des mesures pour que l’économie respecte davantage les droits de l’homme et l’environnement». Le texte soumis au vote stipule que les entreprises établies en Suisse sont tenues d’appliquer les normes internationales en la matière aussi à l’étranger, et que les sociétés qu’elles contrôlent le fassent également. En cas de violation de ces dispositions, l’entreprise helvétique pourra être tenue pour responsable devant la justice des dommages causés aux êtres humains ou à la nature. Ce qui n’est pas une première, comme le prétendent ses détracteurs, de nombreux pays en Europe disposant de mesures de ce type.
Un des arguments avancés par une majorité des partis de droite et par l’économie est le risque de départ des multinationales de notre pays. Un raisonnement largement entendu lorsqu’il s’est agi de faire passer la pilule des cadeaux fiscaux aux entreprises et dont les retombées commencent à se faire sentir. Avec par exemple l’offensive contre les salaires et les conditions de travail du personnel de la fonction publique et parapublique à Genève.
Mais revenons à notre initiative «Entreprises responsables – pour protéger l’être humain et l’environnement», de son nom officiel. Un autre argument, non pas choc mais choquant, vient des rangs Vert’libéraux. Brandissant l’outil d’un paysan burkinabé, vêtue d’un boubou de femme africaine, la conseillère nationale Isabelle Chevalley vient nous faire la morale prétendant que vouloir empêcher le travail des enfants en Afrique les appauvrirait. Celle qui explique que les mineurs accompagnent leurs parents aux champs faute d’école et de structures adaptées trouve cela tout à fait normal. On se croirait en plein XIXe siècle, quand les premières organisations ouvrières se battaient contre le travail des enfants dans nos fabriques. L’économie allait s’écrouler, disait le patronat à l’époque. Or c’est tout le contraire qui s’est produit. La scolarisation a été l’un des plus grands facteurs de progrès de l’humanité. Et affirmer, comme l’élue le fait, que si ce n’est pas les entreprises suisses qui exploitent ces enfants mais des multinationales chinoises ou d’autres pays peu scrupuleux ce serait pire encore, n’est qu’une légitimation des pratiques inhumaines de certaines multinationales. Une caution apportée également par le Conseil fédéral et la majorité du Parlement qui appellent à rejeter l’initiative. Or le contre-projet indirect proposé est insignifiant. Il se base sur le volontarisme des entreprises qui, on le sait trop bien en Suisse, est totalement absent quand prime le profit. Les femmes en font l’expérience depuis bientôt 40 ans en matière d’égalité salariale…
Face à de telles inconséquences, aucun doute. La mobilisation la plus large doit permettre au Oui de l’emporter le 29 novembre, pour faire un pas vers l’arrêt des pratiques inhumaines et criminelles de certaines multinationales portant atteinte à la vie et à la santé de centaines de milliers d’êtres humains.