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Un tiers des apprentis harcelés sur leur lieu de formation

Apprentie au travail.
© Neil Labrador/photo prétexte

Sur les 812 participants ayant pris part à l’enquête d’Unia, 80% de femmes et 48% d’hommes ont témoigné avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel. Dans un tiers des cas, le lieu de travail a été le théâtre de ces agissements.

Unia lance une campagne pour prévenir et combattre le harcèlement sexuel durant l’apprentissage. Des outils à la clef

Allusions sexuelles, remarques désobligeantes, contacts physiques importuns, contacts répétés non désirés, voire même contrainte, agression et viol... Le harcèlement sexuel est répandu durant l’apprentissage. Voilà ce qui ressort d’une enquête menée l’année passée par la Jeunesse Unia dans des écoles professionnelles et en ligne. Sur les 812 participants, 80% de femmes et 48% d’hommes ont témoigné avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel. Dans 33% des cas, le phénomène s’est produit au travail. «Nous recevions régulièrement des informations dans ce sens. Nous avons alors souhaité creuser le sujet», indique Aude Spang, secrétaire nationale à la Jeunesse d’Unia, soulignant le caractère «ultraviolent» de cette situation. Fort des données récoltées, le syndicat entend, à la veille de la rentrée, s’attaquer à la racine du problème et à en interdire même ses formes «atténuées», comme les propos sexistes. «Un environnement où le sexisme est toléré constitue un terreau propice à des formes plus graves de harcèlement, y compris sur les lieux de travail. Entreprises et écoles professionnelles doivent s’engager en la matière.»

Tolérance zéro

Dans ce contexte, Unia a lancé une campagne de prévention et de lutte contre le harcèlement sexuel matérialisée par une nouvelle plateforme en ligne. Cette dernière propose des mesures concrètes, des outils de communication ainsi qu’un modèle de règlement détaillé. «Les employeurs sont invités à l’appliquer, moyennant les adaptations nécessaires à leurs spécificités», précise Aude Spang, qui estime que les principes clefs listés par le syndicat pourraient par ailleurs être repris et signés par les supérieurs et l’ensemble des collaborateurs et affichés dans la société. «Notre but est de briser un tabou et d’offrir des possibilités d’agir.» Pour Unia, entreprises et écoles doivent adopter une politique de tolérance zéro face au harcèlement sexuel et communiquer activement sur ce sujet. «Des règlements contraignants clarifieront la situation, en mentionnant les services d’aide aux victimes de harcèlement et en définissant les sanctions encourues par les agresseurs.» Le syndicat considère aussi que les cantons doivent améliorer et intensifier leurs contrôles des conditions de travail des apprentis et intervenir immédiatement en cas de dérives. «Les vérifications se révèlent insuffisantes. Et, ont rapporté plusieurs jeunes, le cadre des discussions n’est pas nécessairement adapté, réunissant par exemple des patrons qui connaissent les contrôleurs. Difficile alors de s’exprimer.» Aude Spang souligne encore la vulnérabilité des apprentis. «Ils dépendent totalement de leur formateur, se retrouvent souvent livrés à eux-mêmes et n’osent témoigner de ce qu’ils vivent. Il y a un rapport de domination, d’assujettissement. Les jeunes doivent être davantage protégés», conclut la syndicaliste, insistant sur les points de contact mentionnés dans les informations d’Unia où les victimes pourront solliciter de l’aide.

Extraits de témoignages de victimes de harcèlement recueillis par Unia

«Je travaillais dans une agence de placement. Au début, ça se passait bien, j’avais un super collègue, un peu comme un deuxième papa. Puis, deux nouvelles personnes ont été engagées. L’une d’entre elles m’a touché les fesses, puis toutes ont agi de même, sauf mon ami qui a démissionné. J’ai subi des attouchements, des remarques déplacées, du mobbing, des atteintes à ma vie privée. J’avais 19 ans (...). Les commissaires d’apprentissage de la Direction générale de l’enseignement postobligatoire ne me croyaient pas (...). On croit rarement les apprentis dans cette situation (...).»

«Ça a commencé quand j’avais 15 ans et demi. C’était un cadre de l’entreprise. Ce n’était que du verbal, il ne m’a jamais touchée. Dès que je suis arrivée, il faisait toujours des commentaires graveleux sur mon physique (...). Il essayait de m’inviter chez lui, car sa femme était absente. Il passait toujours devant mon bureau. Ma formatrice disait qu’il faisait seulement des blagues, qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il n’était pas sérieux. Je trouvais choquant que tout le monde trouve ça normal (...). Le commissaire d’apprentissage est passé, mais ils se connaissaient et il n’a alors rien dit. Il a, par la suite, été renvoyé pour d’autres raisons, mais les problèmes ont continué dans son job suivant. J’aimerais protéger les autres femmes de cet homme...»

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