Une nouvelle bataille démarre dans le bâtiment
Tous les voyants ou presque sont au vert dans le bâtiment. C’est ce qu’on retient lorsqu’on se penche sur les données générales du secteur: la baisse des taux hypothécaires ainsi que la forte demande de nouveaux logements et de nouvelles infrastructures génèrent un contexte généralement positif sur le territoire suisse. Les prédictions pour l’année 2025, formulées par l’agence Wüest Partner, évoquent une hausse de 4,6% de la construction en Suisse. Ces chiffres réjouissants ne doivent pas cacher pour autant un contexte bien plus tendu sur le front des employés. Et c’est ce qu’entend rappeler Unia dans les négociations – préliminaires en avril, officielles de mai à novembre – menant au renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction, qui arrive à échéance le 31 décembre prochain.
Les thèmes mis sur la table visent à améliorer plusieurs aspects des conditions des travailleuses et des travailleurs. Sur le front salarial, le syndicat table sur une augmentation décente pour tout le monde. «Après plusieurs années d’inflation, il y a une nette perte de pouvoir d’achat. Et ce taux ne tient pas compte de l’augmentation des primes des caisses maladie, qui grèvent de manière consistante le budget des ménages», indique Pietro Carobbio, responsable du secteur Construction d’Unia Vaud. Cette mesure, qui s’impose dans une conjoncture positive, sera accompagnée par d’autres revendications. A savoir des journées de travail plus courtes, qui doivent permettre un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. «Aujourd’hui, elles sont interminables. Si on compte l’heure de pause de midi et le temps consacré aux déplacements, elles peuvent atteindre les 11 heures, voire plus l’été. Cela va à l’encontre des tendances actuelles de la société, qui aspire à davantage de temps à consacrer à la famille», souligne le secrétaire syndical.
Unia revendique également une indemnité pour la pause du matin ainsi que la prise en charge complète par l’employeur du temps de déplacement. Actuellement, les entreprises soustraient 30 minutes, qui ne sont pas payées aux employés; or, le temps de déplacement doit compter comme temps de travail dès la première minute.
L’ensemble des points défendus par le syndicat aspire à améliorer l’attractivité des métiers du bâtiment. Le secteur souffre d’une pénurie sévère d’ouvriers qualifiés et assiste à une hémorragie de la main-d’œuvre. Actuellement, un maçon sur deux quitte la profession tandis que le nombre d’apprentis est passé de 1200, en 2010, à moins de 700, en 2022. Et les prévisions n’augurent rien de réjouissant. Le secteur manquera de 21% de maçons par rapport aux besoins de 2030 et de 31% par rapport à 2040.
Unia appelle à une grande mobilisation lors d’une manifestation qui aura lieu à Lausanne le 17 mai prochain. L’occasion de donner davantage de force aux revendications.