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Unia en campagne sur les chantiers

Un syndicaliste parle aux ouvriers
© Olivier Vogelsang

José Sebastiao, responsable des secteurs construction et artisanat à Unia Genève, informe les travailleurs des enjeux relatifs au temps de travail sur les chantiers, qui seront au cœur des négociations sur la Convention nationale du gros oeuvre.

En vue du renouvellement de la Convention nationale du gros œuvre, le syndicat sonde les travailleurs pour définir son cahier de revendications. Il en profite pour leur parler des enjeux du 9 juin dans les urnes

Midi tapant, l’heure de la pause. Dans les baraques du chantier du Quai des Vernets, à Genève, des dizaines d’ouvriers s’attablent pour prendre leur repas. José Sebastiao, Deniz Coskun et Joan Gesti Franquesa débarquent soudain. De sa voix de stentor, le premier lance un sonore «Bonjour!» à la cantonade, afin d’attirer l’attention de l’assemblée.
Les secrétaires syndicaux d’Unia Genève font leur visite du jour sur ce gros chantier, où les premiers immeubles du mégaprojet Praille-Acacias-Vernets (PAV) sortent de terre. Sans s'attarder en civilités, José Sebastiao entre dans le vif du sujet. Le temps presse, car la pause ne dure qu’une heure et il y a plusieurs points à aborder, entre les votations du 9 juin et les futures négociations pour la Convention collective nationale du gros œuvre (CN).
«Lors des dernières votations, nous avons gagné sur deux sujets importants, la 13e rente AVS et le refus d’augmenter l’âge de la retraite, rappelle le syndicaliste. Mais le 9 juin, il y a aussi des enjeux très importants.» Pendant qu’il parle, ses collègues distribuent des flyers.
Après un laïus sur l’initiative fédérale visant à limiter les primes maladie à 10% du revenu, et sur l'initiative cantonale «Une vie ici, une voix ici» pour le droit de vote des étrangers au niveau genevois – deux objets que soutient Unia – José Sebastiao enchaîne sur la CN du gros œuvre, qui arrivera à échéance en 2025.

Trop de travail non payé
Les négociations pour son renouvellement s’annoncent ardues et Unia est en train de sonder les travailleurs afin de mieux définir son cahier de revendications. En particulier sur la question du temps de travail, qui sera au cœur des discussions.
Cette campagne, intitulée «Stop au vol d’heures sur les chantiers», part du constat que la construction est l’un des secteurs où l’on fournit le plus de travail gratuitement, comme les travaux préparatoires en début de journée, les déplacements, l’habillage, les heures supplémentaires non saisies ou encore les tâches à effectuer au dépôt une fois la journée finie.
Quinze minutes par-ci, dix minutes par-là: mis bout à bout, tout cela finit par faire une somme. Les secrétaires syndicaux distribuent aux ouvriers un disque qui permet de calculer le manque à gagner: on le tourne jusqu’au nombre de minutes non payées par jour et on peut voir ce qu’on perd annuellement en termes de salaire. Par exemple, avec trente minutes non rémunérées, la perte est de 3563 francs par an, pour quelqu’un qui a un salaire mensuel de 5700 francs. C’est loin d’être négligeable.
Un ferrailleur, qui habite dans le canton de Vaud, comme beaucoup de ses collègues ici, fait le décompte de ses temps de parcours non payés: «Ça fait beaucoup d’argent dans la poche du patron!» lâche-t-il, en voyant le résultat sur le disque. Il faut savoir que seule une demi-heure de trajet est rémunérée, alors que les entreprises imposent souvent des déplacements importants à leurs ouvriers. «Une fois, j’ai mis deux heures pour rentrer chez moi!»
«Dans d’autres corps de métier, le temps d’habillage est payé, ajoute Joan Gesti Franquesa. Les patrons veulent gratter chaque minute sur votre dos pour augmenter votre temps de travail, c’est clair.» Autour des tables, les discussions s’engagent.

L’avis des travailleurs
Les syndicalistes distribuent ensuite un questionnaire à remplir. La première partie sert à énumérer toutes les tâches non payées. La seconde partie vise à connaître les desiderata des travailleurs, pour les négociations à venir sur la convention nationale. 
Est-ce qu'ils préfèrent travailler huit heures par jour toute l’année, ou avoir, comme c’est le cas maintenant, des horaires variables selon les saisons? Travailler un peu moins chaque jour, ou avoir une après-midi de libre par semaine? Allonger un peu les journées de travail pour avoir droit à un jour de congé toutes les deux semaines, comme cela se fait en Autriche?
«Travailler moins, d’accord, mais comment on fait pour le salaire?» s’inquiète un maçon. José Sebastiao le rassure: ce que les syndicats demandent, c’est une réduction du temps de travail, mais avec le même salaire. Un autre ouvrier est dubitatif: «Si on exige toujours plus, les patrons vont en avoir marre, et ce sera nous les perdants. Il y a déjà plein de collègues au chômage.»
Les syndicalistes font le tour des réfectoires, avant de prendre congé. Les ouvriers ont fini de manger et se préparent à reprendre le travail. La récolte est bonne: dans l’ensemble, ils ont consciencieusement rempli le questionnaire. Demain, les «missionnaires» d’Unia iront porter la bonne parole sur un autre chantier.

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