Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Vers une protection du climat bénéficiant aux travailleurs

Fresque "Grève pour l'avenir 2021".
© Olivier Vogelsang

Pour aller vers une économie plus juste et écologique, l’USS plaide pour un renforcement des services publics, que ce soit dans les transports ou l’énergie, tout en préservant et développant des emplois durables.

L’Union syndicale suisse apporte son soutien à la Grève pour l’avenir du 21 mai. Elle vient de publier un Appel et neuf revendications

«Sans tournant climatique, pas d’économie équitable». Sous cette devise, se décline l’Appel de l’Union syndicale suisse (USS) pour la Grève pour l’avenir du 21 mai, rendu public la semaine dernière. Constatant que «la Suisse est de loin un des plus grands responsables des dégâts faits au climat», et que l’empreinte en gaz à effet de serre par personne y est plus du double de celle de la moyenne internationale, l’USS rappelle que la transition écologique est une revendication centrale des syndicats depuis de nombreuses années. Des organisations de salariés qui n’ont cessé de combattre, par exemple, la libéralisation du marché de l’électricité, qui ont défendu les énergies renouvelables, ainsi que le service public. C’est pourquoi, indique l’Appel de l’USS, «nous soutenons maintenant la Grève pour l’avenir du 21 mai 2021 et nous engageons, avec le mouvement des jeunes pour le Climat et les autres organisations qui la soutiennent, pour qu’elle soit un succès».

Pour la faîtière, le réchauffement climatique résulte de l’«ordre économique mondial extrêmement inégalitaire», note-t-elle, signalant que les 10% des plus riches sont responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Un réchauffement affectant les plus pauvres, tant dans les pays du Sud qu’en Suisse, où les travailleurs les plus exposés aux conséquences de ce dérèglement sont les moins bien payés. Ce sont eux aussi qui souffrent de la pollution et du bruit, leurs logements aux loyers abordables se situant à proximité de grands axes de circulation. L’USS plaide pour un tournant social, seul moyen d’aller vers un virage climatique, la protection du climat devant se réaliser au bénéfice des travailleurs. Pour avancer dans ce sens, et pour que la transition écologique ne se réalise pas au détriment des emplois, il faut des investissements publics, tant dans le développement d’infrastructures que pour la formation des salariés concernés par les changements structurels nécessaires. «Le but doit être de créer des emplois durables, sains et bien rémunérés», souligne l’Appel.

Pour une mise en œuvre efficace du tournant climatique, ce dernier doit être négocié collectivement et démocratiquement, indique l’USS. «Le levier central à cet effet est le renforcement des services publics.» S’appuyant sur le développement historique du réseau ferroviaire, des centrales hydroélectriques ou du réseau de l’électricité, la faîtière syndicale appelle à ne pas abandonner la tâche de la transition énergétique aux privés, qui chercheraient à faire des bénéfices et condamneraient la démarche. L’USS défend aussi le détachement de la Suisse de son approvisionnement en énergie fossile (pétrole et gaz), qui représente 63% de la consommation totale d’énergie du pays. Cela en promouvant les énergies renouvelables décentralisées et le développement des transports publics, deux volets «absolument indispensables pour atteindre rapidement la neutralité climatique».

En conséquence, l’USS a défini neuf revendications concrètes «pour un tournant climatique social» (voir ci-dessous), qui seront portées à l’occasion de la Grève pour l’avenir et au-delà. Elle invite également les travailleuses et les travailleurs à s’engager, en soutenant notamment l’appel sur son site internet.

Les revendications de l’USS, en bref

1. Mobilité: Il faut continuer à développer les transports publics et en réduire fortement le prix. Le potentiel de transition est énorme.

2. Transports et logistique: Le transport de marchandises doit, chaque fois que cela est possible, avoir lieu sur rail. La privatisation rampante de CFF Cargo doit être stoppée.

3. Approvisionnement en énergie: Il faut plus de service public, notamment une énorme offensive solaire, des investissements dans le chauffage à distance et des programmes d’efficience énergétique.

4. Logement: Le parc suisse de logements doit rapidement devenir climatiquement neutre, sans renchérir les loyers. La construction de logements d’utilité publique doit être promue.

5. Protection de la santé: Des mesures renforcées de protection de la santé des travailleurs doivent être prises urgemment, en collaboration avec les syndicats. Le système de santé doit devenir non discriminatoire et solidaire.

6. Mesures relatives aux émissions: Des objectifs stricts en matière d’émissions, des interdictions et le blocage des subventions doivent être au centre de la politique climatique. La Loi sur le CO2 devra être étoffée.

7. Raccourcir les distances: Il faut rapprocher les lieux de travail et les logements sans dégradation des conditions de travail, et en associant les salariés à de nouvelles configurations et processus.

8. Innovation et formation continue: Les formations de base et continue dans le secteur énergétique et la reconversion des salariés des domaines à forte émission doivent être intensifiées avec l’aide des pouvoirs publics.

9. Engagement international: La Suisse doit participer activement aux efforts déployés au plan international et coopérer en matière de recherche. La place financière suisse, au bilan climatique mondial catastrophique, doit être durablement décarbonisée.


L'Appel de l'USS et les revendications détaillées sont disponibles sur: uss.ch

Pour aller plus loin

Unia veut protéger les salaires, pas les frontières

banderole Unia

L’assemblée des délégués, réunie le 7 décembre à Berne, a adopté un manifeste en faveur de la libre-circulation des personnes, alors que les négociations avec l’Europe sur les Bilatérales III se terminent.

Rieker piétine les droits du travail

ouvrières tunisiennes

Une grève dans l'usine tunisienne du groupe suisse de chaussures Rieker a conduit à des licenciements et à l'arrestation d'employés et de syndicalistes. Au siège du groupe à Thayngen (SH), personne ne veut s'exprimer sur cette affaire.

«Chaque petit progrès demande beaucoup de travail»

L’USS s’oppose à la flexibilisation du travail

Une main tient une carte pour voter lors d'une assemblée.

L’assemblée des délégués a adopté plusieurs résolutions, dont une visant à stopper la dégradation des conditions de travail en Suisse.