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Zara et Shein exacerbent la crise climatique

Les émissions de gaz à effet de serre liées au transport d’un vêtement par avion sont environ 14 fois plus élevées que celles d’un article acheminé principalement par voie maritime, selon une étude citée par Public Eye.
© Olivier Vogelsang

Les émissions de gaz à effet de serre liées au transport d’un vêtement par avion sont environ 14 fois plus élevées que celles d’un article acheminé principalement par voie maritime, selon une étude citée par Public Eye.

Public Eye dénonce l’impact sur le climat des géants de la mode Zara et Shein envoyant hebdomadairement des milliers de tonnes de vêtements par avion à travers le monde. Et lance une pétition

Toujours plus rapide, toujours plus polluante, la fast fashion se trouve de nouveau dans le collimateur de Public Eye. Et en particulier les entreprises Zara, propriété d’Inditex, et Shein, exploitant des boutiques en ligne internationales. Ces deux géants de la mode expédient des centaines de milliers de tonnes d’articles par avion à travers le monde, nuisant gravement au climat, comme le souligne l’ONG, dans son enquête sur la problématique. Une recherche compliquée, précise l’auteure, en raison du manque de renseignements sur le fret aérien des enseignes de vêtements soucieuses de leur image. Public Eye a néanmoins pu s’appuyer sur les informations de médias indépendants et des données douanières détaillées. Et met en lumière, dans son analyse, les dégâts sur l’environnement mais aussi sociaux provoqués par un modèle d’affaires basé sur une mode éphémère et des tendances de très courte durée. Avec, en tête de liste des sociétés recourant à la voie aérienne, Zara et consorts, et ce indépendamment de l’endroit où les habits ont été confectionnés.

1600 vols par an

Au centre de l’industrie d’Inditex figure l’aéroport de Saragosse, au nord-est de l’Espagne, et ses grands centres de distribution implantés alentours. Tous les textiles du géant espagnol transitent par cet endroit, quel que soit leur lieu de provenance de production, avant d’être réexpédiés vers ses 5815 boutiques disséminées aux quatre coins du globe. «Les articles y sont repassés, contrôlés et préparés pour être envoyés dans les magasins du monde entier. Saragosse enregistre chaque semaine en moyenne 32 avions pour Inditex, avec une centaine de tonnes de vêtements à leur bord. Cela représente plus de 1600 vols par an – départs et arrivées confondus», chiffre Public Eye dans son communiqué de presse. L’Organisation note que, même en Europe, où le fret aérien n’offre qu’un faible avantage en termes de temps, des habits sont transportés par les airs. «En 2022, cela représentait au moins 42658 tonnes, selon les informations à disposition.» Un nombre qui pourrait être encore loin du compte. Public Eye précise qu’il existe très peu de données concernant les marchandises directement envoyées aux consommateurs dans des paquets individuels, sans passer par des centres de distribution. «Le géant de la mode en ligne Shein, par exemple, expédie des quantités astronomiques d’articles par courrier aérien directement depuis la Chine à sa clientèle du monde entier.» Cette situation, indique encore l’ONG, l’a conduit à mettre en place un partenariat stratégique avec China Southern Airlines. «Des avions-cargos de la plus grande compagnie aérienne asiatique font la navette entre Guangzhou et Los Angeles, ainsi qu’entre Guangzhou et Amsterdam ou Londres, en exclusivité pour Shein.»

Une pollution nettement plus élevée

L’analyse de l’ONG confronte Inditex aux objectifs ambitieux en matière de durabilité et d’engagements climatiques que le groupe met en avant; alors qu’il passe sous silence le fret aérien et ses conséquences sur le climat. La multinationale se targue en revanche de fournir des nouveautés deux fois par semaine à ses 5815 boutiques. Non sans répercussions sur les conditions de travail d’ouvriers sous pression et le plus souvent mal payés. Toujours selon cette même source, Zara a, l’an dernier, réalisé un nouveau record avec 621244 tonnes d’articles produits. Pour se faire une idée de l’empreinte carbone des textiles véhiculés par avion, Public Eye cite l’étude réalisée par la société de conseil en environnement Systain, basée à Hambourg, en collaboration avec le groupe Otto. Le calcul effectué conclut que les émissions de gaz à effet de serre liées au transport d’un vêtement par avion sont environ 14 fois plus élevées que celles d’un article transporté principalement par voie maritime. «Ce nouveau scandale vient s’ajouter au sombre palmarès d’une industrie réputée pour son bilan catastrophique aux niveaux environnemental et social.» Dans ce contexte, Public Eye a lancé une pétition* exigeant d’Inditex, «le leader de la “mode avion” de prendre au sérieux ses propres objectifs de durabilité et de renoncer à ce type de transport néfaste pour le climat».


* Pour signer la pétition, aller sur: publiceye.ch/fr/zara-crashe-le-climat

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