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141'726 signatures pour s’opposer à LPP 21

Remise du referendum à la Chancellerie.
© Lucas Dubuis

Les représentants de l’alliance «Non aux baisses des rentes LPP» ont déposé presque trois fois plus de signatures que nécessaire à la Chancellerie fédérale à Berne.

Le référendum contre la révision du 2e pilier a abouti avec un nombre record de signatures. Elles ont été déposées le 27 juin dernier à la Chancellerie fédérale. Votation probable en mars 2024

Il fallait 50000 signatures pour faire aboutir le référendum contre la réforme du 2e pilier, LPP 21. C’est presque le triple qui a été déposé le 27 juin à la Chancellerie fédérale à Berne par l’alliance référendaire «Non aux baisses des rentes LPP». Une coalition emmenée par l’Union syndicale suisse (USS), Unia et les autres syndicats, et à laquelle participent le Parti socialiste (PS) et les Verts. Les magazines de consommateurs Bon à savoir et K-Tipp ont apporté leur soutien en prenant part à la collecte des signatures. Au total, 141726 paraphes ont été remis. Un nombre impressionnant, atteignant presque la barre des 150000 franchie par le référendum contre AVS 21.

Ce résultat «montre que les gens en ont assez qu’on s’en prenne aux retraites. La réforme prévue entraînerait une importante baisse des rentes», a souligné le président de l’USS Pierre-Yves Maillard devant la Chancellerie. Cette diminution pourrait atteindre la somme de 3240 francs par an pour beaucoup d’assurés, rappelle la faîtière syndicale dans un communiqué. Un montant qu’il faudra ajouter à la perte réelle actuelle occasionnée par l’inflation qui «engloutit déjà l’équivalent d’une rente mensuelle», note l’USS. Avec LPP 21, les rentes pourraient encore être réduites de 15% dans certains cas. De plus, afin d’obtenir au mieux une pension équivalente à celle d’aujourd’hui, mais dans la plupart des cas une rente inférieure, il faudra cotiser beaucoup plus durant toute sa vie active. Le salaire net en sera diminué d’autant. Après AVS 21, qui repousse de 64 à 65 ans l’âge de la retraite des femmes, cette révision du 2e pilier les pénaliserait davantage encore, indique l’USS.

Bas salaires à la caisse

«Le compte n'y est pas. Ni pour les jeunes, ni pour les personnes âgées, et encore moins pour les femmes: payer plus pour des rentes plus basses est une mauvaise proposition, c’est pourquoi nous rejetons clairement cette réforme», a précisé Mattea Meyer, coprésidente du PS lors de la remise des signatures. Vania Alleva, présidente d’Unia, a ajouté: «C’est précisément pour les bas salaires que les coûts augmenteraient le plus, parfois sans amélioration des rentes. Avec ce projet, l’argent de l’employée de la restauration ou de l’aide-soignante passera directement dans les poches des financiers qui se frotteront les mains face aux milliards de bénéfices qu’ils pourront réaliser dans le 2e pilier!» Des financiers, assureurs et banquiers, qui puisent déjà chaque année 7 milliards de francs dans le capital accumulé par les travailleurs et les travailleuses pour leur retraite, comme l’a rappelé la présidente du Syndicat des services publics, Katharina Prelicz-Huber.

La droite et les patrons en embuscade

La votation sur la réforme LPP 21 aura probablement lieu le 3 mars 2024. La campagne risque d’être très difficile. Le jour du dépôt du référendum, la droite et les milieux de l’économie se tenaient en embuscade. A peine les signatures déposées qu’un communiqué, paraphé par tous les partis bourgeois, Vert’libéraux compris, et par Economiesuisse et l’Union patronale suisse, était publié, prenant à contre-pied tous les arguments des syndicats et de la gauche. Ils expliquent notamment que ce projet de «modernisation en profondeur» du 2e pilier est dans l’intérêt «des jeunes, des femmes, des travailleurs à temps partiel et de la classe moyenne». Ce qu’il aurait pu être à l’origine, mais qui a complètement été dénaturé par le Parlement. Autant dire que les syndicats et la gauche auront à mener une campagne exemplaire et une mobilisation d’ampleur à tous les niveaux pour que le Non l’emporte dans les urnes en mars prochain. 

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