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2020, une année à oublier?

Elle avait pourtant bien débuté, cette année 2020. Avec, en Suisse, de nouvelles manifestations de jeunes qui poursuivaient leur puissante mobilisation contre le changement climatique et portaient l’espoir d’un monde nouveau en gestation. Ils avaient même frappé les esprits en accueillant à Lausanne l’égérie de leur cause, Greta Thunberg, avant qu’elle n’aille porter la voix de ces milliers d’activistes en colère aux puissants de ce monde réunis à Davos. Deux mois plus tard, en mars, le pays s’arrêtait, en proie à la pandémie du Covid-19 s’abattant sur la planète entière.

L’année 2020 s’achève sur un champ de ruines. Elle aura été une année désastreuse pour la santé des êtres humains et leurs conditions d’existence. Les catastrophes climatiques n’ont pas cessé. Notre pays, que l’on dit si riche et exemplaire, n’est toujours pas sorti de la crise sanitaire. Plongée dans une violente seconde vague, la Suisse connaît un des taux de contamination les plus élevés d’Europe. Les voyants sont au rouge. Mais qu’à cela ne tienne. Les intérêts économiques continuent de primer sur le bien-être et la santé de la population. Bien qu’elles soient douloureuses pour nombre de secteurs, les mesures prises par le Conseil fédéral vendredi dernier ne semblent pas à la hauteur de la situation. Comme en témoigne le cri d’alarme lancé par les hôpitaux universitaires de Genève, Lausanne, Berne, Bâle et Zurich dans une lettre adressée au ministre de la Santé mercredi passé. Une lettre dont l’existence a été dévoilée par les journaux dominicaux de Suisse alémanique. Face au nombre de cas et à l’épuisement du personnel, les directeurs de ces hôpitaux alertent sur le risque d’un effondrement du système de santé si une troisième vague surgit après Noël. Le directeur de l’établissement zurichois appelle même à un confinement général de mi-décembre à mi-janvier, face au risque d’envolée du nombre de cas à la suite des achats et des fêtes de fin d’année.

Cette année se termine avec une urgence sanitaire. On ne sait ce que nous réserve l’an prochain. Mais faudra-t-il oublier 2020 comme beaucoup le souhaitent? Non, au contraire. Il y a bien sûr eu toutes ces souffrances et privations, des proches emportés par le coronavirus, la perte d’emplois, la précarité, la misère qui s’étend… Mais gardons en mémoire les nombreux actes de solidarité de tous ces jeunes ayant pris soin de leurs aînés, de voisins soucieux des laissés pour compte de leur quartier, des familles s’entraidant, et de l’engagement jusqu’au bout de leurs forces de tous les soignants… Cette année a remis la vie des gens sur le devant de la scène. A mis en lumière les employées et employés de l’ombre dont le métier est pourtant indispensable. A fait ressurgir des priorités oubliées. Une année qui a démontré ouvertement les failles béantes engendrées par les décennies de politiques néolibérales, de privatisation des services publics, d’austérité destructrice et de rentabilité imposées aux hôpitaux et au système de santé. Cette année 2020 ne doit pas être oubliée. Elle doit nous permettre de nous engager encore plus pour résister au rouleau compresseur de la crise économique qui avance, et remettre au cœur de la société l’être humain et ses besoins, en combattant un autre virus délétère, celui du profit qui gouverne le monde et qui détruit la planète.