Le paquet AVS 21 est transmis au Parlement. Les syndicats rejettent le relèvement de l’âge de retraite des femmes
Lors de sa séance du 28 août, le Conseil fédéral a adopté le message relatif à AVS 21 et transmis le projet de réforme au Parlement. Au début de l’été, le gouvernement avait déjà annoncé les grandes lignes de ce paquet qui vise à trouver quelque 26 milliards de francs d’ici à 2030, somme selon lui nécessaire pour assurer le niveau des prestations et l’équilibre financier de l’assurance.
Le relèvement de l’âge de référence dans l’AVS, de 64 à 65 ans pour les femmes, devrait rapporter 10 milliards. Des compensations à hauteur de 700 millions sont prévues durant neuf ans. Des taux de réduction plus bas seront appliqués pour les femmes qui prendront leur retraite avant 65 ans, tandis que celles qui travailleront passé cet âge-là bénéficieront d’une augmentation de leur rente une fois à la retraite. Les femmes dont le revenu annuel ne dépasse pas 56880 francs pourront cesser leur activité professionnelle à 64 ans sans réduction de rente. L’âge de la retraite sera relevé progressivement de trois mois par an à partir de l’année qui suit l’entrée en vigueur de la réforme soit, espère Le Conseil fédéral, en 2022.
Avec AVS 21, il sera possible de choisir son départ à la retraite entre 62 et 70 ans. Partir avant l’âge de référence de 65 ans, qui s’appliquera aussi désormais dans la prévoyance professionnelle, entraînera toutefois des pénalités. Poursuivre une activité professionnelle au-delà sera au contraire encouragé financièrement.
Enfin, le Conseil fédéral a prévu un financement additionnel sous la forme d’une augmentation de 0,7% de la TVA.
«Inutile et antisocial»
La gauche et les syndicats rejettent le relèvement de l’âge de départ des femmes. «Inutile et antisocial», juge le Parti socialiste suisse. «On a besoin que de vrais progrès soient accomplis en matière d’égalité des sexes et pas d’un égalitarisme de façade concernant l’âge de la retraite», estime de son côté l’Union syndicale suisse (USS). Alors que les rentes des femmes sont en moyenne de 15000 francs inférieures par an à celles des hommes, il est inacceptable que celles-ci supportent l’essentiel des économies à réaliser. Ces «retraites inférieures» étaient d’ailleurs dénoncées le 13 juin dernier par Alain Berset dans un petit film diffusé sur son compte Twitter en soutien à la grève féministe. Une semaine plus tard, le conseiller fédéral annonçait pourtant que l’âge de départ des femmes passerait à 65 ans… Un contresens mis en évidence par des militantes de la Coordination romande de la grève des femmes qui font circuler sur les réseaux sociaux une version détournée et rigolote de la vidéo du chef du Département de l’intérieur et accessoirement socialiste. «65 ans, c’est non! On ne lâchera rien!» concluent les activistes en annonçant d’ores et déjà une nouvelle grève féministe pour l’année prochaine.
Augmenter les rentes
La balle est maintenant dans le camp des Chambres fédérales, qui devraient mettre une année au moins à plancher sur le projet. Le cas échéant, une hausse de la TVA devra passer devant le peuple. Quant au changement de l’âge de référence pour les femmes, il faudra certainement un référendum. Les syndicats sont-ils dans les starting-blocks? «C’est l’assemblée des délégués de l’USS qui se prononcera sur le lancement éventuel d’un référendum. Il faut noter que, depuis le rejet de Prévoyance vieillesse 2020, les délégués ont toujours dit que nous devions combattre le relèvement de l’âge de la retraite des femmes», répond Gabriela Medici, secrétaire centrale de l’USS.
Si la faîtière syndicale refuse d’entrer en matière sur le départ à 65 ans, elle n’est pas a priori hostile aux autres mesures. «Nous ne sommes pas contre la flexibilisation, mais nous souhaitons qu’il soit possible aux personnes à revenus modestes de s’arrêter de travailler avant 65 ans et non pas aux seuls aisés. De même, nous ne nous opposons pas à une hausse de la TVA. Quant aux mesures de compensation pour les femmes, elles sont, techniquement parlant, intéressantes pour les bas revenus. Il faudrait les élargir à tous et sans les conditionner au relèvement de l’âge de la retraite des femmes», explique la responsable de la politique sociale à l’USS.
Ce qui importe à la centrale est d’augmenter les rentes AVS, qui n’ont plus connu de hausse depuis quarante ans. En octobre 2018, le congrès de l’USS a justement décidé de lancer une initiative pour l’institution d’une treizième rente AVS. La prochaine assemblée des délégués doit en discuter les modalités.