«65 ans, c’est toujours Non!»
Les femmes n’ont pas à travailler un an de plus. Elles l’ont dit une nouvelle fois haut et fort le 5 septembre lors de la venue du conseiller fédéral Alain Berset à Lausanne pour une conférence sur AVS 21. A quelques jours de la votation, la mobilisation prend de l’ampleur. La jeunesse est aussi au rendez-vous
Les tambours s’entendent de loin, tout comme les slogans hurlés par des femmes en colère et pas prêtes de se taire, ainsi que des hommes solidaires. En ce lundi 5 septembre, près de 500 personnes sont réunies pour exprimer leur opposition à la réforme AVS 21 devant les portes du Musée cantonal des Beaux-Arts à Lausanne. Là où la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie (CVCI) organise une conférence donnée par le conseiller fédéral Alain Berset, suivie d’un débat entre l’opposante Verte Léonore Porchet et la partisane PLR Simone de Montmollin.
67 ans pour tous
Bruyante, la manifestation réunit essentiellement syndicats, partis de gauche et collectifs féministes des différents cantons romands. Les slogans fusent, avec comme message principal: «65 ans, c’est toujours Non!». Des avions de papier volent dans les airs. Sur leurs ailes: «AVS 21, 2X Non, retour à l’expéditeur». Mais Alain Berset, entré discrètement par une petite porte, ne pointera pas le bout de son nez.
Lors d’un discours collectif, des militantes rappellent qu’augmenter l’âge de la retraite des femmes d’un an, «c’est ouvrir la voie à la retraite à 67 ans pour tous». Alors que trouver un emploi après 50 ans est déjà difficile. «A un an de la retraite, seule une personne sur deux est encore active professionnellement. Les raisons sont diverses: problèmes de santé, licenciement, prise en charge d’un proche, chômage. Augmenter l’âge de la retraite va à l’envers du bon sens et précarise grandement les personnes en fin de parcours professionnel», explique une vendeuse. Une infirmière témoigne de son travail si éprouvant autant physiquement que psychiquement qu’il lui est inenvisageable de travailler une année supplémentaire. «Cette révision, c’est davantage de précarité, de chômage et de maladies professionnelles. Pendant que les riches continueront de partir à la retraite anticipée en bonne santé et avec des rentes confortables. Les travailleuses ayant des revenus modestes n’auront pas d’autre choix que de trimer une année de plus, mais dans quelles conditions?»
L’égalité des salaires avant tout
Les militantes s’insurgent aussi contre le motif de l’égalité pour justifier l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes. «Nous exigeons avant toute chose l’égalité des salaires et une meilleure répartition du travail domestique. Les inégalités salariales et les temps partiels impactent fortement les conditions de retraite des femmes. Leurs rentes sont aujourd’hui en moyenne 37% inférieures à celles des hommes.» Elles demandent donc «un système de prévoyance qui tienne compte des multiples formes de parcours professionnels». Elles rappellent que les couples sont également les perdants de cette réforme. Tout comme les classes modestes et moyennes avec l’augmentation de la TVA, «l’impôt le plus antisocial qui soit», puisqu’il ne tient pas compte du revenu.
Enfin, elles soulignent la bonne santé des finances de l’AVS. «La fortune de l’AVS a passé de 22,7 à 49,7 milliards de francs entre 2000 et 2021.» L’année dernière le résultat du compte AVS était de 2,6 milliards de francs. Et même si les prévisions alarmistes se réalisaient, l’égalité salariale, grâce à l’augmentation des revenus des femmes, apporterait chaque année 825 millions de cotisations supplémentaires. Sans compter la possibilité de recourir aux bénéfices de la BNS, qui se montent pour 2021 à 26 milliards de francs.