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Accident de Prilly: La Suva précise avoir procédé aux contrôles comme sur d’autres chantiers

Bouquets de fleurs en hommage aux victimes de l'accident de chantier de Prilly
© Olivier Vogelsang

Les causes de la tragédie à Prilly restent inconnues. La Suva ne s’est prononcée sur aucune hypothèse.

Après l’effondrement d’un échafaudage à Prilly qui a provoqué la mort de trois personnes et fait plusieurs blessés, la Suva, maître d’ouvrage, s’exprime sur le drame.

Toujours aucune information sur les causes de la tragédie, mais une mise au point. Le 24 juillet, 12 jours après le terrible accident qui a coûté la vie à trois personnes et fait huit blessés sur le chantier de la tour de Malley Phare, à Prilly (VD), la Suva, maître d’ouvrage, a organisé un point presse en ligne. Et est revenue sur ses différentes casquettes dans cette affaire. Elle a clarifié son rôle en tant qu’investisseur et propriétaire de l’édifice en construction où s’est déroulé le drame. Mais aussi comme organe d’exécution de la sécurité au travail chargé de surveiller l’application des prescriptions légales en matière de prévention des accidents et assurance des victimes. Des tâches bien distinctes remplies chacune par des entités indépendantes. Comme maître d’ouvrage, la Suva a indiqué avoir confié la réalisation des travaux à «un consortium d’entreprises très expérimentées». Au moment de l’accident, a-t-elle déclaré, le gros œuvre était achevé et, donc du point de vue des experts, la phase la plus dangereuse terminée. A noter qu’une quarantaine de sociétés, en comptant aussi les sous-traitants, étaient impliquées dans les travaux de la tour érigée sur le complexe commercial de Malley.

Les échafaudages, éléments les plus contrôlés
«Le tragique accident du 12 juillet est arrivé comme un coup de tonnerre. Un effondrement complet d’un échafaudage sur tout un pan de bâtiment est un événement extrêmement rare en Suisse.» Ce fait a été qualifié d’autant plus exceptionnel que «les échafaudages sont les éléments les plus contrôlés sur les chantiers». Et que, a souligné Olivier Favre, chef de la division sécurité et santé au travail en Suisse romande, quand ils tombent c’est le plus souvent en relation avec des intempéries. Sans rapport donc avec la chute de la structure métallique à Malley. A ce stade, a insisté la Suva, les causes de la tragédie restent inconnues et l’enquête suit son cours. Refusant de se prononcer sur une hypothèse ou une autre, elle a en revanche précisé les tâches effectuées en tant que surveillant de la sécurité. Selon cette dernière, l’entité responsable a procédé à plusieurs contrôles de postes de travail sur le chantier et a répondu à des demandes de conseil, comme elle le fait habituellement pour toute autre construction d’envergure. «Le fait que la Suva soit maître d’ouvrage dans ce cas n’a pas modifié notre approche du contrôle en tant qu’organe d’exécution.» La Suva a souligné par ailleurs avoir sollicité un spécialiste externe supplémentaire. Et a noté qu’en l’état actuel de ses connaissances, une formation a été fournie à tous les nouveaux collaborateurs sur le chantier. 

110 visites documentées
«Depuis le début des travaux en 2022, l’entreprise mandatée pour réaliser des formations et des contrôles supplémentaires a effectué environ 110 visites documentées sur le chantier.» La plus grande caisse accidents de Suisse a encore fait état de la présence d’un surveillant présent trois à quatre fois par semaine sur place, disposant de son propre bureau, et compétent pour intervenir lorsque la sécurité l’exige. 
Sans s’exprimer sur les raisons de l’accident de Prilly, Unia avait soulevé de son côté, au lendemain du drame, les facteurs de risques que pouvaient présenter la pression des délais et des coûts et des formations insuffisantes, trop souvent selon lui à l’origine d’accidents. Questionnée sur ces points, la Suva a répondu qu’en tant qu’investisseur, la santé et la sécurité au travail sont primordiales. Et qu’elle n’a pas fait pression sur les temps d’exécution dans la construction de Malley Phare. Elle a relevé par ailleurs continuer à aider les autorités d’instruction dans leur enquête. Et avoir mandaté un rapport externe afin de déterminer si elle se trouve «à la hauteur de son ambition d’être exemplaire». Une démarche qui devrait être terminée en septembre.
«Les leçons à tirer aujourd’hui? Des vies ont été perdues. Il faut absolument identifier les causes et en tirer les conséquences pour que cela ne se reproduise plus jamais», a espéré Jean-Luc Alt, porte-parole de la Suva.
Les travaux à Malley Phare ne reprendront pas avant la mi-août, voire à la fin de ce même mois.

1000 à 1500 chantiers interrompus chaque année

Lors de son intervention, la Suva a tenu à rappeler la manière dont sont opérés les contrôles par son organe d’exécution. Organisées en fonction des risques – plus critiques durant les travaux de gros œuvre – les visites sont effectuées sur des chantiers soit de manière inopinée, soit signalées au préalable, soit à la suite de demandes de conseil ou sur dénonciations  (20% environ). Chaque année, les 51 collaboratrices et collaborateurs de la Suva procèdent à plus de 9000 contrôles de chantier sur lesquels des manquements sont relevés. Entre 1000 et 1500 passages débouchent sur un arrêt des travaux. 
En matière d’accidents, la Suva enregistre une diminution de ces derniers, passant de 300 à moins de 100 accidents pour 1000 personnes ces cent dernières années.  

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