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Accord dans la construction genevoise: un premier pas timide dans la bonne direction

Le protocole d'accord négocié sous l'égide du Conseil d'Etat a été accepté par les instances syndicales et patronales

Les partenaires sociaux genevois du gros œuvre sont tombés d'accord, et leurs membres respectifs les ont suivis. Ainsi, en 2017 entrera en vigueur le protocole d'accord négocié contenant des mesures d'amélioration de la protection des travailleurs âgés mais également la hausse des indemnités journalières. La limitation du travail temporaire sera concrétisée au niveau des marchés publics. Pour Unia, le résultat de ces négociations est satisfaisant mais il entend bien approfondir ces mesures.

Après les mobilisations de l'hiver dernier en vue du renouvellement de la Convention nationale du secteur principal de la construction (CN) et les mois de négociations sans succès au niveau cantonal, syndicats et patrons genevois se sont mis d'accord le mois dernier, sous l'arbitrage du conseiller d'Etat Pierre Maudet. Tout récemment avalisé par les instances syndicales et patronales, le protocole négocié par les partenaires sociaux sera appliqué en même temps que la nouvelle CN, à savoir en janvier 2017. Que comporte cet accord cantonal?
Tout d'abord, il vise à améliorer la protection des travailleurs âgés. Premièrement en avançant l'âge du mécanisme de protection. Celui-ci est désormais déclenché à 50 ans, au lieu de 55 ans jusqu'ici. Pour ces travailleurs, le délai de congé a donc été allongé jusqu'à cinq mois, et jusqu'à six mois pour les personnes de 55 ans et plus. Deuxièmement, les signataires se sont engagés à tout mettre en œuvre pour replacer les travailleurs âgés tout de même licenciés, à travers une cellule chargée de faciliter la réinsertion de ces travailleurs au sein de la Commission paritaire du gros œuvre. «Ce sera une sorte de minibourse à l'emploi, explique Alessandro Pelizzari, secrétaire régional d'Unia Genève. La forme qu'elle prendra est encore à discuter au sein de la Commission paritaire mais l'idée reste que les patrons s'engagent à reclasser ces travailleurs licenciés, qui sont tous des cas critiques.» Est-ce que cela sera toujours possible? «Nous avons encore eu le cas récent d'une entreprise qui a licencié des travailleurs de plus de 50 ans pour prendre des temporaires à la place, répond le syndicaliste. Ça construit à Genève, donc si on se donne les moyens, il y a du boulot pour tout le monde!»

1 franc de plus
L'autre point négocié concerne le montant du panier: l'indemnité forfaitaire journalière pour les frais de déplacement et le repas de midi passent de 24 à 25 francs.
Ces quelques mesures ont été conditionnées à différents points, notamment au respect de la paix absolue du travail. «Il n'y a rien de nouveau, cette clause existe déjà dans la convention nationale, précise Alessandro Pelizzari. Jusqu'ici, nous avons toujours su dénoncer les irrégularités dans le secteur de type dumping et nous continuerons à le faire, c'est notre devoir en tant que syndicat.»

Bilan mitigé
A ces mesures, il faut également ajouter la limitation du travail temporaire sur les marchés publics, du ressort du Conseil d'Etat genevois qui a donné son feu vert pour démarrer les travaux de modification du Règlement sur la passation des marchés publics (RMP).
«Nous saluons ce protocole d'accord car les problématiques que nous soulevons depuis des mois, rencontrées dans le secteur, ont enfin été reconnues comme telles, commente le secrétaire régional. Ce n'était pas le cas au début des négociations, et nos efforts et nos actions ont fait admettre aux patrons et à l'Etat qu'il y avait un problème à Genève avec les licenciements des travailleurs âgés et la hausse du travail temporaire. Les solutions négociées sont un premier pas, il y a encore du travail et on ne lâchera pas sur ces questions.»
Pour Alessandro Pelizzari, l'abaissement de la protection des travailleurs à 50 ans aura son effet. «Ces quatre dernières années, on a payé l'effet pervers de l'introduction du dispositif à 55 ans. Mais aujourd'hui, les entreprises ne prendront pas le risque de se séparer de ses travailleurs de 48 ou 49 ans, une génération encore jeune et expérimentée.»

Sur la réserve
C'est lors d'une assemblée générale «très fournie» et «très animée» que le protocole d'accord a été présenté aux membres d'Unia. «Il est vrai que les travailleurs présents ont trouvé la proposition insuffisante», rapporte Alessandro Pelizzari.
Au final, le «oui» à très grande majorité l'a remporté. «Les travailleurs ont jugé que ces mesures étaient un premier pas qu'il fallait encourager, même si l'enthousiasme n'y était pas...»

Manon Todesco