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Accord historique dans le secteur de la construction

A la suite d'une négociation avec Unia Genève une grande entreprise va offrir des contrats fixes à ses travailleurs temporaires

Marti Construction SA et Unia Genève ont convenu d'une limitation du nombre d'employés temporaires. D'ici à la fin de l'année, la grande majorité des 300 à 400 collaborateurs de la société répartis entre les cantons de Genève et Vaud bénéficiera d'un contrat de travail fixe. Depuis plusieurs années, l'emploi d'intérimaires a explosé sur les chantiers du bout du lac. Pour dénoncer cette tendance et obtenir la garantie d'emplois stables et décents, des milliers de travailleurs avaient manifesté en novembre et décembre 2015.

«Historique!» C'est par ce terme qu'Umberto Bandiera, coresponsable du gros œuvre d'Unia Genève, juge l'accord conclu avec Marti Construction SA. Avec 300 à 400 salariés employés entre les cantons de Genève et Vaud, cette société importante du gros œuvre s'est engagée à offrir des contrats fixes à ses travailleurs temporaires. La convention a été négociée par Unia Genève, mais les ouvriers vaudois de l'entreprise en profiteront aussi.

40% de temporaires
«Au mois de mai dernier, des travailleurs nous ont informé qu'il y avait beaucoup de temporaires chez Marti. On a vérifié et nous avons estimé qu'environ 40% des équipes étaient constituées d'intérimaires», explique Umberto Bandiera. Mandaté par le personnel, le syndicat a alors exigé de rencontrer la direction. Deux réunions entre les parties ont permis de déboucher sur un accord. D'ici à la fin de l'année, la grande majorité des collaborateurs de Marti bénéficiera d'un contrat de travail fixe. Une séance annuelle entre les partenaires sociaux permettra de tirer le bilan des efforts entrepris en ce sens. «Les travailleurs sont plus que contents de cette décision, en premier lieu les chefs d'équipe qui souhaitent la stabilité», indique le secrétaire syndical joint entre deux tournées sur les chantiers de Marti. «Nous allons présenter à la société une résolution du personnel demandant à ce que le taux maximal d'intérimaires soit de 10%.»

«Esclavage moderne»
Comme le relève Umberto Bandiera, l'emploi d'une main-d'œuvre temporaire sur les chantiers a connu une «explosion» ces dernières années à Genève, avec une augmentation de 68% entre 2012 et 2014 contre 16% sur le plan national. Cet «esclavage moderne» toucherait aujourd'hui plusieurs milliers d'ouvriers à Genève. «Cela peut prendre des proportions folles, surtout en été où l'on peut ne trouver qu'un seul fixe dans une équipe.» Face à ce phénomène, Unia espère que l'accord signé avec Marti serve d'exemple aux autres sociétés du secteur. «On espère que d'autres entreprises suivront. Au demeurant nous avons appris qu'Implenia avait elle aussi commencé à internaliser, de même qu'Orlando, mais sans en informer les syndicats. Une tendance positive se dessine. On ne peut que saluer les entreprises qui assument leurs responsabilités sociales en offrant aux travailleurs une stabilité et une protection. De notre côté, nous ne sommes pas opposés à toute flexibilité pour autant qu'il existe un plafond.» Unia, en citant en exemple le règlement des marchés publics du Tessin qui prévoit un maximum de 10%, plaide pour que les conventions collectives de travail et les dispositifs encadrant les chantiers publics limitent le recours au travail temporaire à des normes acceptables.
En campagne contre la précarisation des conditions de travail et d'embauche sur les chantiers, les syndicats Unia, SIT et Syna font depuis plusieurs mois le siège des associations patronales et des entreprises du secteur. L'accord conclu avec Marti constitue un succès à inscrire à l'actif de cette dynamique campagne.

Jérôme Béguin