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Bouffée d’oxygène pour les médias

Nombre de médias sont sur le gril à la veille de la votation du 13 février. Un scrutin qui influera sur leurs destinées. Et leur permettra soit d’anticiper l’avenir avec un peu plus de sérénité grâce à la manne fédérale combattue par référendum, soit les contraindra à se réinventer encore et encore pour poursuivre, sans filet, leur activité. Une démarche entamée depuis des décennies qui laisse déjà derrière elle son lot de vaincus sur un marché helvétique fragile rendu aussi complexe par la diversité des langues. Depuis 2003, 70 publications ont passé à la trappe! Des disparitions liées à un lectorat qui s’est effrité, la concurrence d’Internet et la perte de recettes publicitaires vampirisées par des géants comme Google, Apple, Facebook, Amazon et consorts. Conséquences: une presse traditionnelle privée de revenus vitaux et une information régionale et locale affaiblie. En Suisse romande, la crise s’est révélée particulièrement aiguë. En témoigne la mort de nombreux titres dont, pour n’en citer que deux récents, L’Hebdo et Le Matin dans sa version papier. Deux journaux pourtant matériellement ancrés dans le tissu sociétal de longue date. La pression financière subie par les médias s’est aussi traduite par des licenciements à répétition et l’obligation pour de nombreuses publications de partager des contenus. Gilet de sauvetage visant à éviter la noyade... ou, au pire, à la retarder. Amenés à travailler davantage, les journalistes ont dû aussi composer avec toujours moins de moyens, étoffer leurs compétences. Ceux qui, généralement par vocation, n’ont pas quitté le navire se débattent avec des ressources réduites pour rendre compte de la grande et de la «petite» actualité. Pour refléter les événements culturels, politiques, économiques se déroulant dans notre environnement proche. Pour offrir une vitrine à la pluralité des idées. Une contribution essentielle propre à alimenter le débat démocratique et favorisant la formation des opinions. Une mission clef dans un pays où l’on vote régulièrement et dans un monde où les boussoles se dérèglent au rythme des fake news. Où les croyances le disputent à la réalité. Où les réseaux sociaux sont autant de précieux apports et témoignages que de condensés d’inepties, cocasses dans le meilleur des cas, dangereux dans le pire. Où les plateformes internet influencent les avis sans souscrire nécessairement à la déontologie journalistique. Où l’immédiateté dicte le tempo et nécessite d’autant plus la contribution de professionnels.

Dans ce contexte difficile, la Confédération a voté un train de mesures visant à épauler les médias. Pas une première. Les autorités soutiennent déjà la distribution de journaux en s’acquittant d’une partie des frais d’acheminement. Elles entendent aujourd’hui renforcer leur appui par un paquet d’aides d’une valeur de 151 millions de francs par an et ce pour une durée de sept ans. Ce montant devrait alléger la facture de la distribution et bénéficier à la presse associative, aux médias en ligne, aux radios locales et aux télévisions régionales, aux agences ou encore à la formation dans la branche. Ses opposants pointent du doigt la menace d’une perte d’indépendance, d’autocensure, quand bien même le secteur de l’audiovisuel perçoit déjà depuis des lustres les deniers de la redevance. Quand bien même l’Etat s’est déjà engagé dans cette voie sans imposer ses vues. Et comme si ce genre de dérive, avec les annonceurs, n’existait pas... Dire oui aux mesures en faveur des médias, c’est se positionner pour des nouvelles de proximité et diversifiées, favoriser la cohésion sociale, lutter contre la concentration et l’uniformisation des informations et limiter le risque que nombre de titres se trouvent, privés de cette bouffée d’oxygène, à l’article de la mort...