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Ça tourne pas rond

La polémique a fait la Une de tous les médias français. La semaine passée, lors de la conférence de presse précédant la rencontre entre le Paris Saint-Germain (PSG) et la Juventus de Turin dans le cadre de la Ligue des Champions, l’entraîneur parisien Christophe Galtier et son joueur star Kylian Mbappé ont provoqué un tollé général. Interrogé par un journaliste sur les déplacements – même très courts – de ses joueurs en jet privé et sur la proposition de la SNCF d’affréter des trains pour l’équipe, Christophe Galtier livre une réponse complètement déplacée: «Pour être très honnête avec vous, on a parlé avec la société qui organise nos déplacements et on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile... Voilà.» A sa droite, le prodige Mbappé pouffe de rire, comme un gamin mal élevé. Les images sont gênantes, déconcertantes, surréalistes. A la sortie d’un été caniculaire et alors que la sécheresse fait encore rage, que les Français ont été appelés par leur président à la sobriété énergétique, que les forêts s’embrasent ici et les inondations tuent ailleurs, ces deux bouffons du ballon rond provoquent la colère des milieux écolos, mais aussi des élus et des citoyens.

L’entraîneur aurait pu botter en touche, ou jouer la langue de bois, mais il a choisi l’arrogance et la supériorité. Ce sera donc un carton rouge. Les réactions déferlent à la vitesse de la lumière. «Irresponsables», «à côté de la plaque», «déconnectés», «indécents», «navrants», «méprisants»: les critiques vont bon train, et à raison. Pour quelqu’un qui s’attendait à la question, on espérait franchement mieux de sa part. Face à l’ampleur du dossier, Galtier a reconnu avoir fait une «blague de mauvais goût», sans pour autant s’excuser. Il a par ailleurs assuré qu’au PSG, joueurs et staff «font très attention au problème du climat». Evidemment! Ah, on me dit dans l’oreillette que le désormais parisien Lionel Messi a effectué 52 vols avec son jet privé entre juin et août, soit 1500 tonnes de CO2. Autant qu’un Français en 150 ans! Bon… c’est pas comme si l’actionnaire majoritaire du club, le Qatar, organisait une Coupe du monde au milieu du désert en faisait tourner la clim’ dans des stades à ciel ouvert! Ah bah si…

Ce n’est pas une question d’humour, et de l’éternel: peut-on rire de tout? C’est une question de responsabilité et de messages, envers la jeunesse notamment, mais pas seulement. La crise climatique n’est plus un concept flou, c’est une réalité qui nous touche tous, au quotidien et au porte-monnaie. Pour l’endiguer, le gouvernement a déjà prévenu les Français qu’ils allaient devoir faire des efforts. Pour ces mêmes Français, qui galèrent souvent, cette scène est purement une insulte. Et leur rappelle qu’il y a bien deux mondes: celui des ultrariches, notamment les footballeurs, intouchables, dont l’exercice des privilèges en fait les champions de la pollution mondiale, et celui des travailleurs, sur la touche, qui triment et qui trinquent toujours plus pour les premiers.