Le 4e Congrès ordinaire d’Unia se tiendra les 4 et 5 juin prochain, dans une forme réduite et semi-virtuelle en raison de la pandémie. Présentation avec Vania Alleva, présidente
Unia a 16 ans révolus. Son 4e Congrès ordinaire devait se tenir en novembre 2020. Il a été reporté pour cause de Covid-19 en juin 2021. Le mois passé, le comité central du syndicat a décidé qu’en raison de la situation sanitaire, il se déroulerait de manière condensée sur deux jours et non sur les trois prévus initialement. Il aura donc lieu les vendredi 4 et samedi 5 juin.
Le vendredi, les quelque 500 déléguées et délégués seront réunis de manière semi-virtuelle. Ils se retrouveront physiquement dans leurs régions respectives et échangeront par écrans interposés pour débattre du Rapport d’activité 2016-2020, de la Stratégie d’organisation 2024 et d’une motion sur le lancement d’un projet de réforme intitulée «Unia 2.0 – Unia pour toutes et tous». Le samedi se déroulera sur le même mode ou, si la situation le permet, en présence à Bienne. Ce jour-là sera principalement consacré aux élections des instances, soit le comité central et les sept membres du comité directeur.
Les quatre textes d’orientation – Des droits des salariés forts: les mêmes pour tous; Pour plus de temps, plus d’argent et du respect; Reconversion écosociale; Pour une sortie de crise solidaire – seront, quant à eux, débattus lors d’une journée de congrès supplémentaire en présentiel qui se tiendra dès que les conditions le permettront.
Vania Alleva, présidente d’Unia, explique les raisons de ce redimensionnement et revient sur quelques-uns des enjeux qui y seront débattus.
Le comité central d’Unia a décidé de revoir le programme du Congrès et de repousser les débats sur les textes d’orientation. Pourquoi?
Nous vivons une crise profonde: le chômage qui augmente, la précarisation des conditions de travail, le climat, la pandémie. Ce sont des points où nous avons une obligation d’agir en tant que syndicat. Dans cette situation, nous ne pouvons pas continuer à retarder la date du Congrès. Le Congrès doit définir notre stratégie maintenant, déterminer la direction et décider du lancement du processus de réforme d'«Unia 2.0», nous permettant de poursuivre notre travail syndical. Nous nous rattraperons dans la discussion tout aussi importante sur les textes d’orientation dès que nous pourrons nous retrouver physiquement.
Qu’est-ce que la réforme «Unia 2.0 – Unia pour toutes et tous»?
Après bientôt 17 ans d’existence d’Unia, le monde a changé. La mondialisation est différente, la digitalisation s’est développée. Dans ce contexte, le syndicat interprofessionnel que nous avons fondé est-il suffisamment avancé? Est-il en adéquation avec les défis actuels? Où en sommes-nous au niveau de notre travail international? Y a-t-il des adaptations à faire? Nous estimons qu’une analyse de ces questions et de ces changements doit être réalisée pour savoir si nos structures sont toujours adaptées ou si elles doivent être transformées de manière forte. Le Congrès de juin décidera si ce débat doit avoir lieu et quand, et donnera un cadre à la discussion. Si la réponse est positive, un congrès extraordinaire sur «Unia 2.0» se tiendra en 2023.
Un des thèmes de la Stratégie d’organisation 2024 est le renforcement des effectifs alors que le syndicat a perdu presque 9% de ses affiliés depuis sa fondation, fin 2004. C’est une question cruciale, non seulement pour Unia mais aussi pour tous les syndicats. Outre les changements structurels de l’économie, ces derniers ne sont-ils plus suffisamment à l’écoute des salariées et des salariés?
Non, je ne pense pas. Mais il semble que nous ne nous adaptions pas assez rapidement à l'évolution des défis. La question des effectifs est pour nous un enjeu de tous les jours. Il est clair que c’est une question stratégique. Nous voulons rester un syndicat représentatif, implanté dans les branches et les entreprises, avec une capacité d’agir à ce niveau et sur le plan des référendums et des initiatives. Un retour à une croissance des membres permettra d’accroître notre force.
La pandémie ne nous a certainement pas aidés. Cela a rendu les mobilisations massivement plus difficiles et notre visibilité en a souffert. Nous avons effectué un gros travail, en étant près des gens, à l’écoute. Nous les avons aidés face aux problèmes liés à la pandémie, à la détresse économique. Unia a aussi effectué un travail de lobbying intense, avec l’Union syndicale suisse, qui a abouti à des décisions importantes pour les salariés, par exemple l’extension des indemnités de réductions d’horaire de travail (RHT), même si on aurait souhaité davantage. Nous nous sommes battus avec succès contre l’initiative de résiliation de l’UDC. Nous avons réussi à stopper les attaques en matière de déréglementation comme l’introduction des douze dimanches d’ouverture des commerces que la droite voulait inscrire dans la Loi Covid.
Nous avons réalisé un bon travail syndical, mais sans visibilité, ça a peu d'impact sur la croissance des effectifs… En outre, de plus en plus de personnes ont des difficultés financières. Même si elles nous remercient beaucoup, il n’est pas facile pour elles de faire le pas de se syndiquer. Mais il y a aussi des points positifs, nous avons augmenté en 2020 le nombre de nos membres dans le secteur tertiaire, les soins privés et chez les femmes.
Au moment du Congrès aura lieu la session d’été du Parlement. Le Conseil national y débattra de la réforme AVS 21 qui prévoit la hausse de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Cette question sera-t-elle à l’ordre du jour des déléguées et des délégués?
Oui, le Congrès va débattre et adopter une résolution sur ce thème. Concernant AVS 21, Unia a toujours dit que cette réforme ne peut pas se faire sur le dos des femmes. Au contraire, les prestations qui leur sont destinées doivent être renforcées. Notre initiative 13e rente va dans ce sens. L’appel contresigné par plus de 314000 personnes et déposé en mars à la Chancellerie est très clair: c’est non à la hausse de l’âge de la retraite des femmes et oui à de meilleures rentes. Or, les signaux venant du Parlement ne vont pas dans ce sens. Il y aura un référendum sur la question, de toute façon.
La devise du Congrès est: «C’est le moment!» Pourquoi cette devise?
Parce que c'est le moment d'agir. D'agir sur le temps de travail, l'égalité, le climat. On ne peut plus attendre; il faut changer de cap! Et nous voulons le faire ensemble, sur le terrain, en force. Un des points clés de notre stratégie d’organisation est le renforcement de notre capacité d’action et de grèves. Nous voulons être un syndicat actif, porté par ses membres, ancré dans les branches traditionnelles et continuant à croître dans le tertiaire, là où le nombre de salariés est en croissance, notamment dans la santé privée.
Elue à la coprésidence d’Unia à Zurich en 2012, puis à la présidence au congrès de Genève en 2016, vous représentez-vous pour un nouveau mandat?
Oui, je me représente. Je me sens toujours prête à investir toute mon énergie dans la lutte pour de meilleures conditions de vie et de travail. Dans ce contexte difficile de pandémie, je me réjouis d’autant plus de continuer à lutter aux côtés de nos membres et des salariées et des salariés. Porter cette solidarité n’est pas seulement un espoir, ce sont des réalisations concrètes.
Il y aura aussi des changements importants à la direction nationale. Aldo Ferrari ne se représentant pas au comité directeur, et Corrado Pardini nous ayant déjà quittés, deux nouvelles personnes se présentent. Il s’agit de Bruna Campanello pour l’artisanat et d’Yves Defferrard pour l’industrie. Les femmes seront majoritaires à la direction, avec également une vice-présidente féminine et romande en la personne de Véronique Polito. Cette majorité féminine est significative et d’une grande importance pour Unia.
Les candidats au comité directeur d’Unia
Se représentent:
Vania Alleva, présidente.
Martin Tanner, vice-président et responsable des finances.
Nico Lutz, responsable du secteur de la construction.
Véronique Polito, responsable du secteur tertiaire.
Renate Schoch, responsable du marketing.
Nouveaux:
Bruna Campanello, candidate du secteur de l’artisanat.
Yves Defferrard, candidat du secteur de l’industrie.
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