«Cette initiative pour une baisse d’impôts est une provocation»
L’Union syndicale vaudoise a vivement réagi à l’annonce faite par une partie de la droite patronale de lancer un texte pour réduire la fiscalité cantonale
Quatre cent cinquante millions de francs, c’est la bagatelle que devrait coûter à l’Etat de Vaud l’initiative «Baisse d’impôts pour tous: redonner du pouvoir d’achat à la classe moyenne» qu’une partie de la droite patronale va lancer prochainement. L’idée est de réduire les impôts sur le revenu et la fortune de 12%.
A l’heure où la situation «impose d’autres priorités», l’Union syndicale vaudoise (USV) qualifie cette démarche d’«égoïsme patronal». «Les baisses d’impôts n’offrent aucun soutien aux revenus modestes. C’est autre chose pour la classe moyenne, en particulier la classe moyenne inférieure. Mais la solution proposée n’est pas du tout la bonne. Cela revient à redistribuer à l’envers les moyens de l’Etat», critique Arnaud Bouverat, président de l’USV et secrétaire régional d’Unia Vaud. Malgré l’intitulé du texte, la réduction étant linéaire, elle profitera plus aux contribuables aisés qu’aux ménages de la classe moyenne. «Les plus riches recevront une fois de plus davantage. Les plus hauts revenus n’ont aucune raison d’obtenir une réduction d’impôts, encore moins une réduction plus élevée que les autres. Ces cadeaux fiscaux aux plus riches ne soutiennent aucunement l’économie et vont, par contre, avoir un impact sur la capacité de l’Etat à répondre aux nécessités de l’ensemble de la population. Et il faut rappeler que nous avons besoin de développer les prestations aussi pour les classes moyennes, notamment en matière d’accueil de la petite enfance.»
Député PS, Arnaud Bouverat estime que d’autres options sont préférables à des baisses fiscales «injustes». Et de citer la motion pour un rabais d'impôts déposée par son camarade de parti Jean Tschopp. Pour soutenir le pouvoir d’achat, celui-ci propose une réduction de 350 francs par contribuable, 700 francs pour les couples et 150 francs par enfant à charge. Le socialiste demande aussi que les déductions pour frais de garde plafonnées à 10100 francs soient relevées à 25000 francs.
«Dans le contexte économique actuel, la question du pouvoir d’achat se pose aujourd’hui, alors que la votation sur cette initiative n’interviendra que dans plusieurs années. Elle vise aussi, et peut-être surtout, à faire pression sur le Parlement et la majorité de droite qu’elle a élue au Conseil d’Etat», indique Arnaud Bouverat.
«Cette offensive patronale est une claire provocation, elle nécessite une réponse pour défendre aussi les personnes les plus modestes. Une large coalition d’organisations de gauche travaille donc au lancement d’une initiative pour un salaire minimum cantonal.»