Conclusion d’un accord sur la gestion des produits chimiques
«De grandes victoires pour les travailleurs, de grands défis pour l’Organisation internationale du travail.» Voilà comment a réagi, dans un communiqué de presse, la Confédération syndicale internationale (CSI) à la suite de l’accord mondial sur la gestion des produits chimiques. Ce dernier a été adopté à Bonn à la fin du mois dernier dans le cadre de la cinquième Conférence internationale consacrée à la question qui regroupait des représentants de gouvernements, du secteur privé, d’ONG, d’organisations intergouvernementales, de la jeunesse et du monde universitaire, sous l’égide de l’ONU. La nouvelle feuille de route décidée, précise le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans un communiqué, s’articule autour de 28 objectifs. Elle s’adresse aux pays et parties prenantes pour qu’ils s’attaquent ensemble au cycle de vie des produits chimiques et de leurs déchets, et veut prévenir le commerce illégal et le trafic de ces derniers. Elle se base également sur la mise en œuvre de cadres légaux nationaux et sur l’élimination progressive, d’ici à 2035, des pesticides hautement dangereux dans l’agriculture. Citée dans le communiqué, Inger Andersen, directrice du PNUE, a déclaré en substance que chaque habitant de cette planète devrait pouvoir vivre et travailler sans craindre de tomber malade ou de mourir à cause d’une exposition à des produits chimiques; que la nature, exempte de pollution, devrait pouvoir prospérer et soutenir l’humanité pendant des millénaires. «Je demande donc aux gouvernements, à l’industrie chimique et à toutes les parties concernées d’aller au-delà de ce qui a été convenu pour protéger les personnes et la planète dont nous dépendons tous.» Avec l’adoption du cadre mondial, la pollution et les déchets sont reconnus au même niveau que les crises du changement climatique, ainsi que de la perte de la nature et de la biodiversité.
Un accord novateur
«La délégation syndicale mondiale, représentant l’Australie, le Bangladesh, l’Allemagne, l’île Maurice, la Roumanie, Singapour et les Etats-Unis, a décroché plusieurs victoires importantes pour les travailleurs en ce qui concerne l’extraction, la pollution, l’utilisation, la distribution et l’élimination des produits chimiques», a indiqué la CSI, tout en soulignant les menaces qui pèsent sur les employés dans un domaine enregistrant chaque année un million de décès liés au travail. «Les travailleurs sont les premiers à être exposés aux produits chimiques dans de nombreux secteurs tels que l’agriculture, le nettoyage, les usines, la logistique et l’élimination des déchets. Ils vivent au sein de communautés souvent exposées à la pollution sans disposer des ressources nécessaires pour se protéger. Cet accord novateur offre aux syndicats une occasion de faire pression pour garantir un travail plus sûr et sain (...). Il cimente en particulier le rôle de l’OIT en tant qu’organisme mondial de première importance pour garantir la santé et la sécurité dans les environnements professionnels. Nous pouvons construire un avenir plus propre et plus vert pour chacun d’entre nous», a déclaré Owen Tudor, secrétaire général adjoint de la CSI à la tête de la délégation, cité dans le communiqué. L’organisation faîtière précise encore que le cadre mondial fixé s’adresse à la fois aux gouvernements, aux institutions multilatérales, aux entreprises, aux syndicats et aux ONG.