La COP27 clôturera ses portes dans deux jours. Que restera-t-il de cette grand-messe climatique organisée dans la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh, à la pointe sud du désert du Sinaï, au bord de la mer Rouge, et qui a rassemblé des dirigeants politiques du monde entier? Quelles suites seront données à cette vingt-septième édition consacrée à l’urgence environnementale qui s’est ouverte sur les propos particulièrement alarmistes d’Antonio Guterres. La mise en garde du chef de l’ONU – «L’humanité a le choix: coopérer ou périr» – aura-t-elle non seulement été écoutée mais entendue? Prendra-t-on le chemin d’un «pacte de solidarité climatique ou d’un pacte de suicide collectif» pour citer une nouvelle fois les propos du secrétaire général de l’institution? Les pays du Sud frappés de plein fouet par des conditions météorologiques extrêmes alors qu’ils ont le moins contribué à cette dangereuse situation, et c’est un euphémisme, seront-ils aidés à la hauteur des dommages subis? Si le sommet a mis cette question à l’agenda, les nations les plus riches restent réticentes à ouvrir leur porte-monnaie. Et ce quand bien même les membres du G20 comptabilisent à eux seuls 80% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Le Fonds vert en discussion doit servir à financer des actions climatiques et de résilience des pays les plus touchés par le dérèglement. Comme, à titre d’exemple, la Somalie où la sécheresse a provoqué cette année une terrible famine et entraîné le déplacement d’un million de personnes. Ou, le Pakistan qui, après des températures infernales en mai dernier, a connu des inondations extraordinaires. Avec pour conséquence un tiers de son territoire recouvert par les eaux, deux millions d’habitations détruites, 1700 morts...
Quels engagements prendront les responsables politiques à la fin de cette réunion de la dernière chance? Peut-on miser sur des actions concrètes propres à inverser la tendance? S’il est trop tôt pour répondre à cette question, les COP précédentes n’incitent guère à l’optimisme n’ayant pas entraîné d’actes à la hauteur du défi auquel est confrontée la planète. Les lobbys tout-puissants des énergies fossiles ont poursuivi leur travail de sape. Ils étaient même plus nombreux à la COP27 avec, selon l’ONG Global Witness, 636 représentants – 25% de plus que lors de la dernière édition. Les concentrations de gaz à effet de serre ont encore augmenté pour atteindre cette année des records. L’absence de progrès éloigne l’espoir d’atteindre l’objectif des accords de Paris signés par 193 pays et visant à contenir le réchauffement à 1,5 degré d’ici à la fin du siècle. La guerre en Ukraine a aussi rebattu les cartes. La crise énergétique rend moins inacceptable la réouverture de centrales à charbon ou la promotion du nucléaire. Et illustre surtout le retard pris dans le développement des énergies renouvelables. Parallèlement, le point de rupture se rapproche dangereusement.
Les nations ont continué à traîner les pieds. Et notre pays n’est pas meilleur élève. Dans nos frontières, on a assisté au deuxième été le plus tropical et au mois d’octobre le plus chaud depuis 1864, date à laquelle ont débuté les mesures. Les glaciers fondent plus vite qu’un mauvais film passé en accéléré. Pas de quoi pousser la Suisse à se montrer davantage proactive, préférant agir sur le front des compensations carbone à l’étranger. Et ne fixant pas de règles contraignantes à sa place financière à l’origine, selon Greenpeace, d’un réchauffement global de 4 degrés.
Dans ce contexte, en dépit de l’urgence martelée, la COP27 ne pourrait être que la caisse de résonance d’un cri de plus des scientifiques dans le désert... un environnement hostile qui gagne chaque jour davantage de terrain...