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De Washington à Sion, un même combat

La manifestation salariale du 16 novembre à Sion a été un franc succès. Emmenés par Unia Valais, les participants et participantes ont lancé un signal clair et fort aux employeurs.

Les salariés du Vieux-Pays disposent du revenu le plus faible de Suisse et ils ont vu, à l’instar des travailleurs des autres cantons, reculer leur pouvoir d’achat ces trois dernières années malgré une haute conjoncture. Des familles sont ainsi contraintes de revoir leur budget, de repousser des achats, de faire une croix sur un plan d'épargne ou des loisirs. D’autres ménages, encore moins bien lotis, peinent à joindre les deux bouts et sont forcés de renoncer à des dépenses essentielles, comme un rendez-vous chez le dentiste. Augmenter les salaires est donc devenu vital pour toute une partie du monde du travail.

Il faut le faire entendre aux gens aisés qui sont aux commandes, qui ne sont pas obligés de tenir un budget pour leurs dépenses courantes et qui, de fait, ne ressentent pas les effets du renchérissement.

Cette question sociale nous concerne tous, elle peut miner la cohésion de la société. Comme le proclame justement la Constitution suisse, «la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres». L’avenir même de la démocratie peut être en jeu. Les avancées des populistes, de l’extrême droite et de leurs fous furieux de représentants sont d’abord le résultat de reculs économiques et sociaux.

On le voit bien aux Etats-Unis. Depuis l’arrivée de Biden à la Maison-Blanche, les prix ont progressé de plus de 20%, avec les conséquences que l’on peut imaginer pour les 20 millions d’Etasuniens qui gagnent moins de 15 dollars (13,25 francs) l’heure. Le salaire minimum fédéral stagne depuis 2009 à 7,25 dollars l’heure, mais les Démocrates, qui disposaient de la majorité au Congrès entre 2021 et 2023, ne l’ont pas revalorisé. Le résultat dans le Missouri est en ce sens révélateur puisque les citoyens y ont voté, tout à la fois, en faveur du candidat républicain… et d’une hausse du salaire minimum d’Etat, de l’obligation de payer les congés maladie et de l’inscription, dans la Constitution, du droit à l’interruption de grossesse. Au final, si Trump remporte une immense victoire en progressant de 2 millions de voix, c’est surtout la défaite des Démocrates, en chute de 8 millions de suffrages, qui lui offre une nouvelle présidence. «Un Parti démocrate qui a abandonné la classe ouvrière découvre que la classe ouvrière l’a abandonné. Cela a commencé par la classe ouvrière blanche et, maintenant, ce sont aussi les travailleurs latinos et noirs. Tandis que les dirigeants démocrates défendent le statu quo, le peuple américain est en colère et souhaite du changement», critique le sénateur Bernie Sanders, candidat malheureux aux primaires démocrates de 2020, dans un communiqué publié au lendemain des élections.

Ce scénario est bien connu sur le Vieux-Continent. En Italie, le naufrage de la gauche et du centre a ouvert la route aux néofascistes. En France, les présidents Sarkozy, Hollande et Macron ont servi de marchepied au Rassemblement national. Et aujourd’hui, on voit les sociaux-démocrates et Verts allemands sombrer à leur tour, alors que l’Alternative für Deutschland avance inexorablement.

C’est une autre perspective, un autre avenir que nous devons réinventer. La victoire pour la 13e rente, portée par l’Union syndicale suisse et Unia, a montré la voie. A l’image de la manifestation de Sion, qui a convoqué différents corps de métiers, nous pouvons nous retrouver dans une grande alliance populaire et autour d’un contrat social permettant à chacun de vivre correctement de son travail et d’obtenir une part équitable de la richesse produite.

Prochaine étape, ce 24 novembre, où il convient de rejeter dans les urnes les modifications du droit du bail et de la LAMal, qui ne feraient qu’augmenter les loyers et les primes maladies.