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Démocratie en péril

C’est une hécatombe. A Hongkong, après le journal Apple Daily et le site Stand News, c’est un autre site d’information, Citizen News, qui a annoncé début janvier la cessation de son activité. Sans surprise, ces trois médias étaient pro-démocratie, c’est-à-dire indépendants de la ligne nationaliste dictée par Pékin. En juin 2021, Apple Daily a dû mettre la clé sous la porte après le gel de ses actifs et l’arrestation de ses dirigeants. Il y a quelques semaines, un raid a été effectué dans les locaux de Stand News: les autorités ont fait des perquisitions et ont procédé à sept arrestations, dont l’actuel et l’ancien rédacteurs en chef qui ont été inculpés pour «conspiration en vue de réaliser une publication séditieuse». Etant donné cette répression, Citizen News a refusé de vivre le même sort et a choisi de capituler par peur des représailles et pour préserver la sécurité de ses journalistes. Fondé en 2017 et financé par ses lecteurs, il était pourtant l'un des organes d'information en ligne les plus populaires de Hongkong, avec plus de 800000 abonnés sur les réseaux sociaux.

Ces fermetures sont inquiétantes. Cela va sans dire que la démocratie est clairement mise à mal dans l’ancienne colonie britannique, pourtant reconnue jusqu’ici comme étant un bastion de la liberté de la presse en Asie. Comment expliquer cet acharnement contre ceux qui militent pour la démocratie et l’indépendance vis-à-vis de la Chine? Retour en 2019. Des manifestations éclatent contre l’amendement de la loi d’extradition, une mesure qui devait permettre à Pékin de s’immiscer dans le système juridique hongkongais. Le conflit dure des mois. Carrie Lam, cheffe de l’exécutif à la botte de Pékin, ne lâchera rien. Et le 30 juin 2020, le Parlement chinois passe en force en adoptant la Loi sur la sécurité nationale, qui étend les pouvoirs de Pékin sur Hongkong, menace sa semi-autonomie et permet de réprimer les manifestants pro-démocratie. Le nouvel outil fétiche pour faire taire la dissidence. Le paysage médiatique se rétrécit petit à petit et, de plus en plus, les médias locaux se plient à la ligne officielle chinoise, soumis à une étroite censure.

Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable. Difficile de faire la transition entre Hongkong et la Suisse. Certes, nos deux pays ne vivent pas les mêmes réalités, mais sont tous les deux sujets à la même menace: une démocratie en péril. Evidemment pas pour les mêmes raisons, mais chez nous aussi, chaque année, des médias mettent la clé sous la porte, des journaux disparaissent et des journalistes se retrouvent sans emploi. Faute de recettes publicitaires, principalement. C’est pourquoi il est indispensable que les aides publiques aux médias soient gonflées: pour garantir une presse plurielle et de qualité, et donc la démocratie. Ici, contrairement à Hongkong, il est encore possible d’agir. Il suffit de soutenir le paquet de mesures en faveur des médias le 13 février prochain, dans les urnes. Ce journal en dépend aussi. Nous comptons sur vous!