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«Des économies d’énergie, oui, mais pas au détriment du personnel»

Des installateurs de panneaux solaires.
© Neil Labrador/archives

La pose de panneaux solaires à large échelle est possible, rappelle Yves Defferrard, responsable de l’industrie à Unia. Il réfute énergiquement les demandes des patrons de la métallurgie qui souhaitent faire travailler leur personnel la nuit et le week-end. Une proposition n’apportant aucune solution énergétique.

Responsable du secteur industrie à Unia, Yves Defferrard revient sur les recommandations du Conseil fédéral en vue d’économiser l’énergie

Les décisions du Conseil fédéral en matière d’économies d’énergie étaient attendues par de nombreux acteurs la semaine dernière. Finalement, la montagne a accouché d’une souris. En lieu et place de mesures drastiques contre les gaspillages provenant de gros consommateurs, le gouvernement appelle toute la population à faire sa part sous l’égide d’une campagne intitulée: «L’énergie est limitée, ne la gaspillons pas.» Une campagne qui se déroulera pendant tout l’hiver et jusqu’en avril 2023. Durant les huit prochains mois, chacun est invité à limiter sa consommation de gaz et d’électricité, par des gestes simples, connus et appliqués depuis des lustres par de nombreuses personnes: éteindre la lumière lorsqu’on n’est pas dans une pièce, débrancher les appareils en veille, ou encore mettre un couvercle sur une casserole… En cas de pénurie, le gouvernement se réserve toutefois la possibilité de passer à des mesures plus contraignantes.

Pour accompagner cette campagne, une vaste coalition a été constituée: l’Alliance pour les économies d’énergie. Elle compte aujourd’hui une quarantaine d’organisations et de représentants de collectivités publiques. Parmi ses membres fondateurs se trouvent des associations patronales ainsi que l’Union syndicale suisse et Unia. Cette alliance soutient «pleinement les efforts visant à garantir la sécurité d’approvisionnement en hiver en ce qui concerne l’utilisation efficace et économe de l’énergie», ce qui peut passer par des mesures d’économies et des «optimisations d’exploitation» à court terme. Elle partage également l’objectif du Conseil fédéral et de l’Union européenne de réduire de 15% la consommation de gaz en Suisse pendant le semestre d’hiver.

Se baser sur le bon sens

Comment le syndicat Unia, partie prenante de cette alliance, évalue-t-il les mesures prises par le Conseil fédéral et quelle sera sa participation à la campagne? En tant que responsable de l’industrie du syndicat, secteur ayant de gros besoins énergétiques, Yves Defferrard juge les propositions du Conseil fédéral trop timorées. «Je dois d’abord dire qu’en tant que syndicat, nous ne sommes pas des experts en économies d’énergie, mais nous devons nous baser sur le bon sens. Le plan du gouvernement est ciblé sur la population et très peu sur les entreprises. Je suis déçu qu’il n’y ait pas eu des exigences plus drastiques concernant par exemple l’éclairage public ou l’extinction des enseignes et des vitrines à une certaine heure, ou encore des mesures pour les entreprises qui ne toucheraient toutefois pas la production.» Le membre du comité directeur d’Unia a déjà entendu la réaction de nombreux travailleurs, certains ayant une petite maison demandent par exemple des facilitations pour la pose de panneaux solaires sur leur toit, d’autres, locataires, souhaiteraient pouvoir installer des équipements sur leur balcon. «Il est nécessaire de diminuer les démarches tracassières et contraignantes pour ce type d’installation, un peu comme l’a fait la commune de Lausanne. Si ceux qui en ont les moyens peuvent installer des systèmes produisant de l’énergie verte sans toutes ces contraintes, on pourrait être prêts pour l’hiver. Sans compter que cela permettrait également de créer des emplois.»

Travail de nuit et du dimanche: c’est non!

Swissmem, la faîtière de l’industrie des machines, membre elle aussi de l’Alliance pour les économies d’énergie, a d’ores et déjà présenté ses propositions: elle souhaite faire tourner les usines la nuit et le dimanche afin de profiter des heures creuses de consommation d’électricité. Une idée qui fait bondir le syndicaliste: «Pour nous, c’est clairement non! Le patronat profite de cette crise énergétique pour faire passer ses plans de flexibilité. C’est exclu que l’on entre en matière là-dessus. D’autant que ce n’est pas en faisant travailler les gens la nuit ou le week-end que l’on économisera de l’énergie. Nous avions justement la semaine passée une rencontre des militants de la métallurgie. Ils étaient unanimes là-dessus. Tous jugent qu’il y a bien d’autres solutions pour économiser l’électricité dans les entreprises: équipement en éclairage Led, pose de panneaux solaires sur les usines, sur les parkings en les recouvrant, etc. Et attention, on ne peut pas demander à des mécanos de venir bosser avec des gants ou à des horlogères de travailler sans lumière…»

Quant à la participation d’Unia au sein de l’Alliance, qui devrait s’élargir à d’autres organisations, Yves Defferrard estime que le syndicat pourra y jouer un rôle important afin que les mesures proposées dans ce cadre n’aient pas d’impact sur la santé, la sécurité et les conditions de travail des salariés. «Il n’est pas question d’entrer en matière sur un débat sur la flexibilité. Notre position est claire: nous défendons les économies d’énergie, mais nous veillerons à ce qu’elles ne se fassent pas au détriment des travailleuses et des travailleurs.»

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