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Des racines carrées au lieu de carottes?

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© Aline Andrey

Le 28 juin, une chaîne humaine est partie de la ferme de Bassenges pour rejoindre l'EPFL à Ecublens, afin d'y déposer une pétition de plus de 8000 signatures pour le maintien du statut agricole du site. Cette semaine, le collectif paysan a demandé à l'organe de direction et de surveillance du domaine des EPF à Berne de prendre position.

La ferme de Bassenges deviendra-t-elle un centre de mathématique dès 2026? L’EPFL semble avoir décidé de son sort, malgré le fort soutien populaire au collectif paysan. Mais celui-ci n’a pas dit son dernier mot.

La pétition pour la sauvegarde de la ferme de Bassenges a récolté 8069 signatures. Le 28 juin, main dans la main, plus de 300 personnes ont formé une chaîne humaine afin de remettre les paraphes à Matthias Gäumann, vice-président pour les opérations de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Ce dernier, face à la foule, a notamment avancé comme motif la saturation des bâtiments de l’EPFL pour expliquer le choix de reprendre les bâtiments de l’exploitation agricole, en vue d'y installer son centre de mathématique Bernoulli. Ce, dès le 1er février 2026, six ans seulement après avoir signé un contrat de bail avec un collectif de six personnes issues du monde agricole et académique. 

Lors de la mobilisation, plusieurs manifestants de tous âges ont exprimé leur colère et leur désarroi, rappelant l’importance de promouvoir une agriculture locale et biologique face à l’urgence des changements climatiques. Par ailleurs, une étudiante a pris la parole pour remettre en doute le manque de place invoqué… 

Sur son site dédié au projet de Bassenges, l’EPFL ne cache d’ailleurs pas son vœu de renforcer son rayonnement international grâce à son centre de mathématiques. D’où sa volonté d’investir 10 millions de francs dans la rénovation des bâtisses datant du 18e siècle inscrites au patrimoine. Elle rappelle également vouloir conserver la fonction agricole des terres et continuer à promouvoir la biodiversité. 

Or, pour le collectif paysan, les bâtiments sont essentiels pour continuer ses nombreuses activités pédagogiques, culturelles et agricoles, dont le modèle est circulaire –  du maraîchage à l’élevage – et basé sur une agriculture low-tech respectueuse de l’environnement. 

Où installer le marché, les chevaux pour le travail des champs et les brebis? Où faire le fromage? Où loger les habitants qui travaillent sur le domaine de l’aube au soir? Où programmer les nombreux événements artistiques? «Cette ferme permet de relier la ville à la campagne. C’est un tout», lâche Tom Müller, membre du collectif, diplômé en sciences de l’environnement.

Lettre aux instances supérieures

Face à l’inflexibilité de l’EPFL, le collectif de jeunes paysans a adressé, le 19 août, un courrier à l'attention de l’organe de direction et de surveillance du domaine des EPF à Berne. Il lui demande de prendre position sur la pétition déposée qui demande l’abandon de la réaffectation de la ferme de Bassenges, le renouvellement du bail agricole et l’inscription de la fonction agricole du site dans les statuts de l’EPFL. «Au-delà de notre propre projet, nous voulons pérenniser le futur agricole du lieu», souligne Tom Müller, parlant au nom du collectif. 

La lettre évoque également le manque d’études sur les alternatives, l'absence de transparence et de reconnaissance des nombreux liens créés avec la population alentours et les étudiants. 

 «Nous continuons à nous étonner de la position inflexible de l'EPFL, explique le collectif dans un message aux signataires de la pétition. En particulier, celle-ci n'est actuellement pas ouverte à chercher d'autres solutions qui ne compromettraient pas la ferme. Pourtant, différentes pistes pourraient être envisagées, que ce soit en cherchant une solution commune de partage de lieux, ou en étudiant d'autres sites pour le centre Bernoulli. Ainsi, nous explorons actuellement diverses pistes concrètes que nous espérons pouvoir exposer à l'EPFL et au public dans les prochains mois.» 

Le collectif ajoute: «Malheureusement, cette situation semble montrer le peu de considération de l'EPFL envers notre métier.» C’est pourtant cette dernière qui avait lancé un appel à projet en 2019. Un bail de six ans – alors qu’il est généralement de 9 ans dans le monde agricole – avait été conclu, avec la promesse faite oralement de pouvoir le renouveler. 

Une première rencontre a eu lieu le 20 juin dernier. Une deuxième est prévue ce jeudi 22 août entre le collectif et l’EPFL. «Jusqu’à présent, ce ne sont pas de réelles discussions pour trouver des solutions. On nous met devant le fait accompli», déplore Tom Müller. «L’EPFL nous informe de ses projets, et balaie nos propositions. Pourtant, au sein même de l’école, beaucoup de personnes nous soutiennent. Parallèlement, le concours d’architecture a été lancé, qui comprend énormément de contraintes, car il n’est pas si facile de déclasser un bâtiment agricole de sa fonction pour en faire des bureaux…» 

Malgré la lutte pour sa survie, le collectif continue de nourrir la population à travers son marché et ses paniers de légumes ainsi que ses événements culturels. Une soirée théâtrale pour petits et grands est prévue ce jeudi 22 août, et des projections le 9 septembre.


Toutes les informations: fermedebassenges.ch


 

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