Des soins de qualité, ça se paie!
Environ 90 personnes ont participé au colloque des soins organisé par Unia. Remettre l’humain au centre et s’en donner les moyens financiers sont les grandes revendications
Le 2 septembre dernier, à l’occasion d’une journée consacrée aux soins organisée par le syndicat Unia, quelque 90 personnes issues de la société civile et des milieux politiques et scientifiques se sont rassemblées pour échanger sur la notion de soins de qualité. Comment les définir et quelles conditions doivent être réunies pour les obtenir?
Au fil d’interventions et de débats, les participants sont tous arrivés au même constat: l’humain doit être remis au centre des préoccupations. «Durant la dernière décennie, les mesures qui ont été introduites vont à l’encontre de cette exigence», regrette Unia, dans un communiqué de presse diffusé à l’issue de ce colloque. «Avec le nouveau financement des soins, ils ont été réduits à des gestes médicaux et orientés vers l’efficacité», des coûts en particulier.
Sandra Schmied, infirmière et membre d’Unia, a porté un regard critique sur la situation. «Nous ne pouvons plus nous identifier au travail que nous avons appris avec enthousiasme. C’est aussi pour cette raison que les soignants sont de plus en plus nombreux à abandonner la profession, ce qui entraîne davantage de stress et une nouvelle détérioration des soins et de l’accompagnement.»
Avenir inquiétant
C’est imparable: la population vieillit et requiert davantage de soins et d’accompagnement. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon l’Observatoire suisse de la santé (Obsan), d’ici à 2040, il y aura 88% de personnes âgées de plus de 80 ans supplémentaires: 54000 lits en plus seront nécessaires en EMS (+69%) et 35000 soignants (+49%). «Il n’est pas réaliste de couvrir ce besoin dans le cadre du système actuel», avertit Samuel Burri, responsable de la branche des soins à Unia. «Si rien n’est fait pour changer le paysage des soins et de leur financement, nous irons à une véritable crise en matière de couverture.»
Partant, il paraît évident qu’une grande partie des soins et de l’accompagnement reviendra aux proches aidants. «Cela entraînera encore plus de travail non rémunéré, surtout chez les femmes, avec toutes les conséquences négatives, par exemple des rentes basses et la pauvreté à la retraite, a réagi Tamara Funiciello, conseillère nationale socialiste, lors d’une table ronde. D’un point de vue social, c’est tout simplement inacceptable.»
Débat public
Unia tire la sonnette d’alarme. Pour le syndicat, il est urgent que les politiques agissent. «Il faut des mesures immédiates aux niveaux cantonal et national pour maintenir les soignants dans la profession», alerte Véronique Polito, vice-présidente d’Unia. «En fin de compte, c’est la société qui doit s’interroger dans le cadre d’un large débat: comment pouvons-nous soutenir, accompagner et soigner les personnes dépendantes de soins et les personnes âgées à l’avenir en Suisse tout en assurant une haute qualité des soins? Et surtout: comment pouvons-nous répartir équitablement les coûts qui en résultent via le financement des soins?»
De son côté, Unia compte bien poursuivre ses efforts. L’année prochaine, un manifeste sera élaboré dans le cadre d’un large débat, qui devra apporter des réponses à ces questions sociales importantes. «Il faut pour cela une large alliance entre les soignants, leurs syndicats ainsi que des personnes concernées et solidaires de la société civile», a conclu Enrico Borelli, coresponsable de la branche des soins d’Unia. «Nous appelons à rassembler les forces!»