Face aux mauvaises conditions de travail, les salariés du centre logistique de Pratteln de Migros Online ont mandaté le syndicat Unia pour défendre leurs intérêts.
«Ce travail rend malade. Et les employés en arrêt-maladie qui se font licencier n’ont même pas l’argent nécessaire pour subvenir à leurs besoins jusqu’au moment de toucher les allocations chômage. C’est scandaleux!» En quelques mots, Roman Künzler, responsable logistique et transport à Unia, résume les conditions de travail des employés de Migros Online à Pratteln près de Bâle. Elles sont également difficiles à Bremgarten (AG) et à Ecublens (VD). «A Pratteln, des employés nous rapportent que l’atmosphère est délétère, avec des propos sexistes et racistes de la part des supérieurs», mentionne le permanent syndical. Le personnel a ainsi fait appel au syndicat Unia pour le soutenir dans ses revendications. Soit un système salarial équitable, une meilleure protection de la santé et planification du travail, une formation des cadres pour améliorer le climat professionnel et de meilleures perspectives d'emploi pour les temporaires. De surcroît, le syndicat demande l’admission des employés de Migros Online dans la Caisse de pension Migros et dans la Convention collective nationale de travail de Migros (CCNT). Il exige, une fois de plus, de Migros Online une réunion «afin d'exposer en détail les dysfonctionnements et de discuter de propositions concrètes pour améliorer la situation».
Pour mémoire, jusqu’à présent, les salariés de Migros Online sont exclus de la Convention collective nationale de travail (CCNT) du géant orange. Ils ont donc des conditions moins bonnes. De nombreux témoignages, depuis plusieurs années, sur les trois sites, démontrent une pression à la performance, une mise en danger de la santé, et un manque de transparence.
Surveillance et harcèlement
Unia, dans un communiqué, énumère une longue liste de problèmes: une pression extrême au niveau des performances, une surveillance numérique permanente du rendement et du harcèlement de la part des supérieurs hiérarchiques; le non-respect systématique des normes et des règles en matière de santé, de sécurité et d'hygiène, entraînant de graves problèmes de santé chroniques chez de nombreux employés; ou encore une gestion du personnel impitoyable. «Même des collaborateurs et collaboratrices de longue date qui, en raison d'un accident, d'une maladie ou de circonstances personnelles, n'ont temporairement pas satisfait aux exigences de performance extrêmes de Migros Online, ont été immédiatement licenciés», précise le syndicat. Une ambiance de travail toxique est également dénoncée, «avec des menaces et un climat de peur quotidiens, des remarques et comportements racistes et sexistes sur le site de Pratteln et une culture du manque de respect envers les employés de la logistique largement répandue». Par ailleurs, Unia déplore «une organisation du travail peu transparente avec des horaires imprévisibles, un manque de prise en compte des obligations de care et un non-respect du droit au repos et aux loisirs». Résultat, les salariés ne savent souvent pas à quelle heure leur journée de travail prendra fin. Le syndicat s’insurge contre «des structures salariales d'exploitation», avec des salaires bas et «un système de bonus qui pénalise fortement aussi lorsqu'une personne est absente sans faute de sa part, par exemple pour cause de maladie ou même d'accident du travail».
«Enfin, Migros n’est toujours pas ouvert au dialogue et se montre très répressif face aux salariés, souligne Roman Künzler. A Pratteln, on leur interdit de parler à Unia et on leur demande de prendre une autre porte que la principale pour éviter le syndicat. A Ecublens, il n’est pas rare que la police soit appelée en cas de tractage.»