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Egalité: pourrait faire beaucoup mieux!

Mobilisation du 14 juin 2019 à Genève.
© Eric Roset

Malgré l’extraordinaire mobilisation des femmes le 14 juin 2019, le Conseil fédéral se limite à des mesures guère ambitieuses pour faire avancer l’égalité.

Le Conseil fédéral a adopté sa «Stratégie Egalité 2030». Un plan vague, limitatif et non innovant, regrette l’Union syndicale suisse, doublé d’un affront sur l’âge de la retraite

C’est une «déclaration d’intention timorée et un incroyable affront!». Tels sont les mots de l’Union syndicale suisse (USS) pour qualifier la «Stratégie Egalité 2030» adoptée par le Conseil fédéral la semaine dernière. Une stratégie devant, selon le gouvernement, «combler les lacunes restantes» en matière d’égalité, cela 50 ans après l’introduction du suffrage féminin. Une égalité qui n’est «pas encore complètement atteinte», rapporte le gouvernement dans un communiqué.

La stratégie du Conseil fédéral est articulée autour de quatre thèmes: la promotion de l’égalité dans la vie professionnelle, l’amélioration de la conciliation entre travail et vie familiale, la prévention de la violence et la lutte contre les discriminations. Pour atteindre ces buts, une liste à la Prévert a été dressée, reprenant nombre d’actions déjà en cours. Un plan de mesures plus détaillé sera élaboré d’ici à fin 2021 et un bilan intermédiaire dressé en 2025.

Accent sur les femmes de la classe moyenne

Soulignant l’absence d’idées pionnières pour faire avancer la cause de l’égalité, et face à des mesures trop vagues, l’USS se félicite néanmoins que le Conseil fédéral prenne en main la question de l’égalité entre hommes et femmes. Un engagement qui constitue, selon la faîtière, un «aveu important» de la part du Conseil fédéral que, deux ans après l’immense mobilisation de la grève des femmes, «il reste beaucoup à faire» en la matière. Cependant, pour l’USS, cette Stratégie 2030 reste sur une conception étriquée et restreinte de l’égalité: «Le Conseil fédéral concentre ses mesures sur les femmes suisses de la classe moyenne, passant comme chat sur braise sur la situation des femmes issues de la migration ou occupées dans des professions à bas salaires, ainsi que sur les personnes qui ne veulent ou ne peuvent pas se reconnaître dans la représentation binaire masculin-féminin.»

La faîtière syndicale estime que, si le Conseil fédéral entend réellement promouvoir l’égalité d’ici à 2030, il doit mettre en œuvre systématiquement les mesures déjà existantes, telles que les contrôles de l’égalité salariale au moyen de l’outil Logib ou l’encouragement des projets pour une meilleure conciliation entre le travail et la famille permettant de favoriser l’intégration professionnelle des femmes. Il doit également «se donner des objectifs plus ambitieux et contraignants et prévoir des mesures novatrices, allant au-delà du programme de travail actuel des Bureaux de l’égalité».

Meilleurs salaires pour les plus précaires

Parmi ces objectifs, l’USS demande des «mesures axées sur l’amélioration des conditions de travail et des rémunérations dans les secteurs à bas salaires et dans les emplois précaires», ainsi que «des améliorations dans la prévoyance vieillesse, afin que les femmes puissent subvenir à leurs propres besoins à la retraite». A ce sujet, elle considère «parfaitement scandaleux qu’à la place, le Conseil fédéral prévoie dans sa stratégie un relèvement de l’âge de la retraite des femmes». Un véritable affront à l’égard de ces dernières! Cette hausse à 65 ans est en effet listée comme l’une des mesures prioritaires du gouvernement. Et le Conseil fédéral reconnaît lui-même dans son communiqué que les femmes gagnent toujours 19% de moins en moyenne que les hommes.

Autres revendications: le développement d’une politique familiale cohérente au niveau suisse, déchargeant les salariées et les salariés ayant des obligations familiales avec des structures d’accueil à prix abordables, accessibles et de bonne qualité, et des «mesures énergiques contre le sexisme et le harcèlement sexuel au travail». L’USS déplore sur ce point que le Conseil fédéral souhaite uniquement examiner une «éventuelle ratification» de la Convention OIT No 190 sur la violence et le harcèlement, alors que la Suisse se doit de la ratifier.

En conclusion, écrit l’USS: «Ce n’est qu’à condition que la Stratégie Egalité ne reste pas une vague promesse et que la Confédération se fixe des objectifs contraignants, avec des mesures efficaces, que des améliorations seront réellement possibles jusqu’en 2030.»

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