Des acteurs du monde politique, syndical et médical ont lancé un appel réclamant du gouvernement qu’il décrète l’arrêt immédiat de toute activité économique non essentielle partout en Suisse
Dans sa conférence de presse du 27 mars, le Conseil fédéral n’a annoncé aucune nouvelle mesure allant dans le sens d’un arrêt de toute l’activité économique non essentielle au niveau national. Il s’est contenté de donner aux cantons la possibilité d’introduire des mesures de ce type, mais sous des conditions très restrictives. L’épidémie de coronavirus continuant sa progression exponentielle en Suisse, et alors que les systèmes sanitaires des cantons du Tessin, de Vaud et de Genève font déjà face à une très forte pression, il est temps de prendre des mesures supplémentaires afin d’éviter une catastrophe. Pour ce faire, des acteurs du monde politique, syndical et médical ont donc lancé un appel* réclamant du gouvernement qu’il décrète l’arrêt immédiat de toute l’activité économique non essentielle sur l'ensemble du territoire national, sauf si les salariés peuvent travailler à distance (télétravail) ou exercer leur activité seuls.
Peut mieux faire
Pour les auteurs de l’appel, les dispositions prises ces dernières semaines par le Conseil fédéral sont insuffisantes. Les autorités fédérales, l’OFSP et le Conseil fédéral, recommandent à la population de limiter ses déplacements au strict minimum, des consignes largement acceptées et respectées. «Pourtant, des centaines de milliers de personnes continuent à travailler dans des secteurs d’activités non essentiels, non prioritaires et non urgents, dans l’industrie et la construction notamment, souligne un communiqué de presse. La concentration des salariés sur les lieux de travail, le fait d’utiliser les transports en commun pour s’y rendre, ainsi que la nécessité pour les salariés parents de trouver des solutions de garde, dans les structures d’accueil restées ouvertes ou parmi les proches, contribuent à la propagation du virus.» Sans oublier le fait que les normes sanitaires préconisées par l’OFSP (distance sociale, masques, désinfectants, etc.) ne sont pas toujours respectées ou ne peuvent concrètement pas toujours l’être.
«La situation actuelle indique que cela ne suffira pas à freiner la pandémie de Covid-19, seul moyen d’éviter la surcharge des hôpitaux, estiment les signataires. Sans une réduction drastique du nombre de nouveaux cas dans les prochains jours, les personnes malades ne pourront pas toutes bénéficier des soins intensifs dont elles ont besoin, en particulier parce que les contre-réformes du système hospitalier ont fait baisser le nombre de lits d’hôpitaux en soins intensifs. Le personnel soignant, déjà fortement sous pression, devra faire des choix dramatiques en matière d’accès aux soins.»
Revendications
Outre l’arrêt immédiat de toute activité économique non essentielle, l’appel demande au Conseil fédéral de renforcer massivement les inspectorats du travail ainsi que les droits syndicaux, afin d’assurer le respect des règles de sécurité notamment sanitaire, mais aussi de garantir la protection des revenus des travailleurs dont l’activité est interrompue, en dernier ressort par des fonds fédéraux. Enfin, dans l’attente d’une décision du Conseil fédéral portant sur l’ensemble du territoire, les signataires invitent les gouvernements cantonaux à mettre en œuvre ces mesures. A l’heure où nous mettions sous presse, ce lundi, plus de 2500 signatures avaient été recueillies.
*Pour signer l’appel: eag-ge.ch