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Face à Uber, les syndicats remportent une victoire d’étape

manifestation
© Olivier Vogelsang

Le 13 juillet, des chauffeurs et des chauffeuses d’Uber, soutenus par leurs syndicats Unia et Sit, ont manifesté devant le Département de l’économie et de l’emploi pour lui demander d’agir. Début juillet, les salaires versés par MITC Mobility, mandaté par Uber, étaient loin de respecter le revenu minimum genevois.

Le Département de l’économie et de l’emploi de l’Etat de Genève, les syndicats et la multinationale ont réussi, in extremis, à se mettre d’accord sur un calendrier de négociations

Trois jours avant le délai de la suspension de son activité par l’Etat de Genève, dans la nuit du 28 juillet, Uber est entré en matière sur les demandes syndicales lors de négociations tripartites. «Mais le chemin pour arriver à un accord sur les arriérés et les futures conditions de travail des chauffeurs et des chauffeuses Uber est encore long», écrivent Unia et le Sit dans un communiqué commun. Les négociations entamées le 21 juillet sous l’égide du Département de l’économie et de l’emploi (DEE), à la suite de la pression des syndicats et des travailleurs, vont donc pouvoir continuer. Un calendrier de négociations a été défini par les parties.

Tout au long du mois d’août, une commission tripartite – comprenant une délégation de travailleurs – présidée par Christina Stoll, directrice générale de l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT), déterminera la méthode de calcul des arriérés dus aux chauffeurs. Car, pour mémoire, le Tribunal fédéral, dans son arrêt du 30 mai dernier, a rejeté le recours d’Uber et donc confirmé le jugement genevois: la plateforme de transport est bel et bien un employeur comme un autre.

Dans un second temps, une deuxième commission définira les conditions de travail des employés d’Uber et, par là, les contrats conclus avec la société partenaire MITC Mobility. A la demande des syndicats, un fonds de garantie pour le paiement des arriérés, à hauteur de 5 millions de francs pour l’instant, sera provisionné par Uber. Ce montant sera bloqué auprès d’un notaire à Genève. La multinationale a également accepté de verser une nouvelle indemnité forfaitaire de 930000 francs aux conducteurs. Soit un montant trois fois plus important que celui, largement insuffisant, payé début juillet pour la période du 4 au 17 juin, moment où la plateforme a été arrêtée. En fonction de leur activité lors des six derniers mois, les chauffeurs toucheront ainsi entre 300 et 3000 francs environ d’ici à la fin du mois.

«Tout reste à faire»

Dans un communiqué, Fabienne Fischer, conseillère d’Etat en charge du DEE, se réjouit de «cette avancée majeure pour les chauffeurs et pour la régulation du modèle Uber»: «Les discussions ont été intenses et constructives. Nous remercions toutes les parties pour leur engagement. C’est une étape importante qui vient d’être franchie.»

«On a enfin réussi à se mettre d’accord pour pouvoir continuer le travail. Mais il est regrettable d’avoir perdu tant de temps après cet accord signé le 10 juin entre le DEE, le Service de police du commerce et de lutte contre le travail au noir (PCTN) et Uber, sans même la participation des syndicats et des travailleurs, assène Helena Verissimo de Freitas, secrétaire régionale adjointe d’Unia Genève. Les travailleurs ont souffert de cette période d’incertitudes, sans rentrée d’argent, avec pour seul choix d’accepter un contrat indécent avec MITC Mobility ou de perdre leur travail! La moitié des 800 chauffeuses et chauffeurs auraient signé. Mais nous n’avons pas les chiffres exacts, à l’instar des méthodes de calcul des salaires tout aussi opaques.» Philippe Frezier, membre de la délégation des chauffeurs, a été l’un de ceux qui ont refusé le contrat de travail «inacceptable» de la société partenaire d’Uber: «Tous les frais inhérents au véhicule, le téléphone et les assurances restent à la charge du chauffeur. Celui-ci ne touche vraiment pas grand-chose à la fin du mois.» Sans compter que les temps d’attente ne sont pas payés non plus. «Preuve qu’Uber n’a pas encore compris ce qu’implique le statut d’employeur», souligne Helena Verissimo de Freitas. De son côté, le porte-parole de la plateforme, cité par Le Courrier, se félicite: «Malgré la complexité de la situation et les divergences de points de vue des acteurs impliqués, nous avons honoré nos engagements et avons clairement démontré notre capacité à être un bon partenaire pour les chauffeurs, la Ville et les Genevois.»

Actuellement au chômage, Philippe Frezier, se référant à l’accord du 28 juillet, confie: «On a obtenu le droit de négocier le passé et le futur des chauffeurs, et une indemnité meilleure pour les douze jours où Uber a été arrêté. Mais tout reste à faire. Si l’on obtient un contrat correct, je l’accepterai. En attendant, je cherche un emploi digne.»

Les discussions doivent aboutir d’ici à fin septembre. La suspension de l’interdiction de l’activité d’Uber a été fixée au 15 octobre. Pour le DEE, Genève continue donc «de jouer son rôle de pionnier en matière de régulation des économies de plateforme» et dit échanger «avec plusieurs cantons qui se préoccupent également de la régulation d’Uber».

 

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