Donald Trump n'en démord pas.Son mur de 3200 km à la frontière avec le Mexique, il le veut! Sauf que le Congrès, désormais à majorité démocrate, s'oppose à une telle construction, moyennâgeuse, atrocement chère et désastreuse environnementalement parlant. Sans oublier son inefficacité criante, les experts ayant déjà démontré maintes fois que son impact sur l'immigration illégale serait minime. Le président des Etats-Unis n'en a que faire, il croit en son «grand et beau mur». Cela dit, ses opposants ont aussi la tête dure. Il faut dire que, politiquement, les deux camps auraient beaucoup à perdre en cédant. Un bras de fer budgétaire qui paralyse tout le pays et qui a plongé près de 800000 fonctionnaires au chômage technique, souvent contraints de chercher des jobs de substitution.
La plupart des Américains n'en veulent pas de ce mur.Pour tenter de renverser la tendance et de mener à bien sa promesse de campagne, Donald Trump s'est mis en tête de convaincre l'opinion publique. Au menu, du grand Donald Trump, un peu de mensonges, beaucoup d’approximations et une pointe de discours haineux. Dans une allocution depuis le Bureau ovale le 8 janvier dernier visant à chanter les louanges de son mur, le président s'est dit prêt à le troquer contre une barrière en acier, alternative qui coûtera quand même 5,7 milliards de dollars. Il a pris son air grave pour déverser sa sauce nauséabonde devant des millions de citoyens, parlant de «crise humanitaire et sécuritaire», de «milliers d'arrestations chaque jour à la frontière», évoquant des «milliers d'Américains» qui ont été «brutalement tués par ceux qui sont entrés illégalement dans notre pays», et laissant entendre que la menace du crime et de la drogue ne ferait que s'aggraver si ce fameux mur ne s'érigeait pas. Tel père, tel fils, Donald Trump Jr., en bon petit soldat, a osé: «Vous savez pourquoi vous pouvez apprécier une journée au zoo? Parce que les murs, ça marche.»
Trump est au pied du mur.Alors que la présidentielle se tiendra en 2020, s'il plie, il se mettra ses partisans à dos, mais s'il maintient le cap, il devra assumer les conséquences économiques du shutdownle plus long de l'histoire. Pendant ce temps-là, ce sont les travailleurs américains qui sont pris en otage, qui trinquent et qui subissent les caprices de leur président, dont le plus grand hobby est la diabolisation des migrants. On en oublierait presque que ces gens, venus principalement d'Amérique centrale, fuient la violence, la misère ou encore la corruption. Que, de loin, ce ne sont pas tous des violeurs, des trafiquants et des délinquants. Et que, parce qu'ils n'ont pas d'autre choix, ils risquent leur peau pour tenter de vivre le rêve américain qu'on leur a si souvent vendu...