Caritas a lancé un pavé dans la mare au mois de juillet. L’organisation d’entraide, qui s’engage en Suisse contre la pauvreté et dans les domaines de l’asile et de l’intégration, a publié une prise de position et un état des lieux des nombreuses lacunes du système de sécurité sociale helvétique. Une personne au chômage, par exemple, ne peut pas toujours vivre avec une indemnité représentant le 80% de son dernier salaire. Travail dans une branche à bas revenu, temps partiels, emplois atypiques, comme les jobs sur appel, sont autant de circonstances projetant une travailleuse ou un travailleur dans la précarité totale en cas de perte d’emploi. Des circonstances qui pèsent aussi par la suite sur la prévoyance vieillesse et sur les rentes. De leur côté, les personnes bénéficiant de rentes AVS ou de l’assurance invalidité n’ont pas suffisamment pour couvrir leurs besoins vitaux, même si les prestations complémentaires comblent quelque peu cette défaillance. Quant à l’aide sociale, elle ne permet pas non plus d’assurer une vie décente sur le long terme. De plus, certaines personnes renoncent à y recourir, par honte ou par peur de perdre son droit de séjour. Autant d’éléments exposant de nombreux bénéficiaires ou bénéficiaires potentiels à des inégalités de traitement et à l’injustice.
Face à cette situation, Caritas propose un grand coup de sac. Et un «changement fondamental de système». L’association préconise qu’au lieu «de maintenir en parallèle plusieurs systèmes sociaux mal coordonnés, il serait bien plus efficace d’introduire un système qui garantisse une existence digne pour toutes et tous, indépendamment des problèmes rencontrés».
Caritas s’inquiète de ces lacunes dans notre sécurité sociale qui plongent de nombreuses personnes dans la pauvreté. Le tout dans un contexte où la hausse du coût de la vie va accélérer encore davantage la paupérisation de la société. En mai dernier, l’ONG alertait déjà sur l’augmentation du phénomène en Suisse, qui a atteint l’an passé un niveau record avec 745000 personnes touchées par la pauvreté, dont 134000 enfants. Sur cette population, 157000 sont des working poors, des travailleuses ou des travailleurs exerçant une activité professionnelle. Si l’on compte les membres de leur famille, 40% des personnes affectées par la pauvreté vivent dans un ménage où le revenu du travail est insuffisant. Caritas donne encore le chiffre de 20% de la population vivant en Suisse qui ne peut pas faire face à une facture inattendue, de l’ordre de 2500 francs, pour des soins dentaires ou autres nécessités.
Outre un changement radical de notre système de sécurité sociale, des logements à prix abordables et des structures de garde à prix raisonnable, Caritas appelle aussi à ce que les salaires soient suffisants pour vivre. L’organisation rejoint en cela les revendications des syndicats qui s’exprimeront à Berne le 16 septembre prochain, lors de la grande manifestation nationale pour le pouvoir d’achat, pour des hausses des salaires et des rentes, pour la limitation des primes maladie et des loyers. Cette manifestation sera le premier acte d’une lutte qui se poursuivra, notamment dans les entreprises et les branches lors des négociations salariales. Un combat indispensable pour faire barrage à l’augmentation massive de la pauvreté dans notre pays!