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Femmes sur tous les fronts

Pas de répit dans les luttes menées en faveur de l’égalité. Et ce quand bien même ce principe figure dans la Constitution depuis 1981 et que la loi y relative est entrée en vigueur en 1996. Hier, la Journée internationale des droits des femmes a servi de miroir aux différents engagements de militantes et de militants actifs sur le front de l’équité. Des causes plurielles défendues dans la rue, dans le cadre d’espaces de discussions, via des interventions artistiques... Avec une vigueur et une détermination que la récurrence de nombreuses batailles n’est pas parvenue à entamer. Avec un courage et une espérance répétés qui ont permis de libérer la parole. Et d’élever d’invisibles digues propres à contenir des abus même s’il reste tant à faire.

Au cœur de ce 8 mars figurait une revendication omniprésente dictée par l’agenda politique: un Non clair et net à l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans, prévue dans la réforme AVS 21. Une révision combattue par référendum par une large alliance regroupant des syndicats, des partis politiques, des collectifs féministes et sur laquelle nous voterons cet automne. Quelque 100000 signatures ont été récoltées bien avant la date d’échéance. Plus du double du nécessaire. De bon augure... D’autant plus que la proposition a déjà par le passé échoué deux fois dans les urnes. Hors de question d’accepter en effet cette année de labeur supplémentaire en l’absence d’une égalité salariale dans les faits. Et cela alors que les femmes assument toujours la plus grande partie des tâches familiales, souvent contraintes, pour cette raison, de réduire leur taux d’activité. Qu’elles forment le gros des effectifs dans les métiers les plus mal rémunérés. Il faut hélas le dénoncer encore et encore: les travailleuses gagnent toujours en moyenne 19% de moins que leurs homologues masculins. Un scandale qui perdure malgré les mesurettes gouvernementales pour changer la donne. L’introduction d’une exigence de transparence et de contrôle dans les entreprises s’est révélée plus symbolique qu’efficace. Et pour cause: la demande s’est limitée aux grandes sociétés employant 100 collaborateurs au minimum; aucune sanction ne pénalise par ailleurs les contrevenants. Le Conseil fédéral reconnaît lui-même entre les lignes cet échec, évoquant, dans sa stratégie nationale en matière d’égalité présentée en avril 2021, les injustices en matière de revenus, mais aussi les difficultés pour les femmes actives de concilier travail et vie de famille et les conséquences de leur double tâche.

Le 8 mars a encore été l’occasion de rappeler l’horreur des violences sexistes. Selon la plateforme suisse «Stopfemizid.ch», une femme meurt toutes les deux semaines, tuée par son époux, son partenaire, son ex ou un autre homme de sa famille, même s’il arrive qu’un inconnu soit parfois aussi l’auteur du crime. Une illustration concrète de la loi du plus fort dans une société qui se targue pourtant d’être évoluée. Et il ne s’agirait, dans le domaine, que de la partie visible de l’iceberg. Dans cette même veine, rappelons également la problématique du harcèlement de rue ou dans le cadre professionnel, les obstacles pour inscrire dans la révision en cours du droit pénal la notion de consentement, les vexations et les humiliations qui jalonnent la vie des femmes dans une dimension systémique du patriarcat.

Cette Journée de lutte s’est aussi teintée de couleurs arc-en-ciel, en soutien avec la communauté LGBTQIA+, et de prises de positions contre le racisme, le capitalisme, pour la préservation de la planète, en défense des migrantes, des réfugiées de la guerre en Ukraine, de la culture... Certains y verront un événement fourre-tout propre à diluer les messages. D’autres la capacité d’ouverture et d’empathie de toutes celles et ceux qui envisagent le monde dans une perspective solidaire globale, inclusive, créative, et libéré de modèles aussi discriminants que stériles et brutaux.