Aller au contenu principal
Menu

Thèmes

Rubriques

abonnement

Fortes inégalités dans la prévoyance vieillesse

Manifestation avec une pancarte sur laquelle on peut lire: augmentons les rentes par l'âge de la retraite.
© Sonya Mermoud/Archives

Selon les syndicats, presque 11% des femmes doivent, à peine arrivées à la retraite, demander des prestations complémentaires pour boucler les fins de mois.

L’USS a proclamé le 31 août Equal Pension Day, soit le jour à partir duquel seuls les hommes touchent encore une pension du 2e pilier

Journée de l’égalité des pensions. L’Union syndicale suisse (USS) a décrété le 31 août Equal Pension Day. Ce jour-là, les hommes ont touché l’équivalent de ce que les femmes perçoivent en une année de rentes du 2e pilier. Dès cette date, seuls les hommes continuent à recevoir une pension de la prévoyance vieillesse (LPP). Selon un rapport comparatif publié par l’Union européenne l’année dernière, les retraitées suisses reçoivent en moyenne 20000 francs de moins que les hommes, soit une différence de 37%. De plus, un tiers des femmes n’ont droit à aucune rente du 2e pilier, explique l’USS. Et lorsqu’elles en touchent une, son montant correspond, en moyenne, à la moitié de celle des hommes.

En 2018, une femme sur deux ayant pris sa retraite bénéficiait d’une pension LPP de moins de 1165 francs par mois. «Dans les professions typiquement féminines, des rentes de la prévoyance professionnelle de 500 à 800 francs par mois sont courantes; cela ne permet pas de vivre!» souligne Gabriela Medici, secrétaire centrale de l’USS en charge des assurances sociales.

Pour l’USS, qui appelle à agir afin de corriger cette discrimination, l’écart des rentes est «le reflet des inégalités professionnelles et salariales d’hier». Mais cette discrimination se poursuit aujourd’hui: «Les femmes interrompent davantage leur activité et travaillent plus souvent à temps partiel, la plupart du temps afin d’assumer davantage de tâches au sein de la famille et du foyer. Le travail des femmes aboutit donc à des rentes scandaleusement basses», précise la faîtière.

AVS bien plus égalitaire

L’USS rappelle que l’AVS offre un système égalitaire. Ainsi, dans le 1er pilier, les rentes sont quasi identiques pour les deux sexes, grâce aux réformes introduites après la première grève des femmes de 1991. En moyenne, en 2019, la rente AVS d’une femme s’élevait à 1875 francs, contre 1850 francs pour un homme. Des rentes extrêmement basses ne permettant pas de couvrir les besoins vitaux comme le prévoit la Constitution. Même la rente maximale de 2370 francs pour celles et ceux ayant cotisé à plein durant toute leur vie professionnelle ne suffit pas pour vivre. «Presque 11% des femmes doivent, à peine arrivées à la retraite, demander des prestations complémentaires pour boucler les fins de mois: c’est la triste réalité. Cela, alors qu’elles ont pris soin d’enfants et de proches, ont été actives professionnellement et ont subi un sous-emploi plus important que les hommes. A la retraite, elles continuent d’ailleurs d’assumer la plus grande partie du travail de prise en charge des petits-enfants», note l’USS.

En 2019, 140000 retraitées, dont de nombreuses divorcées et veuves, ont touché des prestations complémentaires, qui permettent d’assurer le minimum vital, contre 75000 hommes environ. Pour l’USS, l’introduction d’une 13e rente telle que le prévoit son initiative, lancée début mars, est essentielle pour amoindrir les inégalités en matière de retraite.

Débat au Parlement sur AVS21

L’Equal Pension Day a été annoncé juste avant que la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats n’entame la discussion, article par article, du Projet de stabilisation de l’AVS (AVS21) du Conseil fédéral. Ce dernier entend renflouer l’assurance vieillesse grâce au travail des femmes dont l’âge de départ à la retraite serait prolongé d’une année, à 65 ans. Le débat à la Chambre des cantons sur cette nouvelle révision est programmé pour le lundi 21 septembre prochain.

La réforme du 2e pilier, prévoyant notamment la baisse des rentes avec une diminution du taux de conversion de 6,8% à 6% devrait suivre. Ce projet, fruit d’une proposition des partenaires sociaux, avait été l’objet d’une consultation en décembre 2019 par le Conseil fédéral. Cette dernière a pris fin le 29 mai dernier et le projet définitif devrait être dévoilé prochainement.

Pour aller plus loin

14 juin: les femmes ne lâchent rien

A Genève, le cortège a réuni plusieurs milliers de manifestantes dont, pour la première fois, des personnes à mobilité réduite et malentendantes, dans un souci d’inclusivité élargie. Les questions de l’égalité ont été déclinées au sens large, dans les sphères professionnelle et privée, entre iniquité salariale, sexisme, violence en tous genres, etc.

Quelque 150 000 femmes se sont mobilisées le 14 juin dernier dans toute la Suisse, sur leur lieu de travail et dans la rue. Egalité, respect, temps et argent sont plus que jamais revendiqués. Temps forts en Suisse romande

La voix des femmes

manif

Reportage audio lors de la grève féministe du 14 juin à Lausanne.

14 juin: quand le foot devient féministe à Neuchâtel

Des militantes féministes miment un match de foot à Nauchâtel

Le 14 juin étant aussi le premier jour de l’Euro de foot, les féministes neuchâteloises ont saisi l’occasion pour donner un petit spectacle humoristique et revendicatif

14 juin: atelier pancartes et tractage matinal à Delémont

Une femme réalise une pancarte pour la grève féministe

Dans la capitale jurassienne, le Collectif féministe organisait un atelier pancartes avant son cortège du 14 juin, en fin de journée. Plus tôt, Unia a fait du tractage devant les usines horlogères de la région.