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A Fribourg, la mobilisation pour le 14 juin bat son plein

Intervenantes durant la conférence de presse.
© Olivier Vogelsang

A Fribourg, le Collectif de la Grève féministe s’active. Il a présenté son programme et ses revendications le 15 mai dernier lors d’une conférence de presse. De gauche à droite, Catherine Friedli du SSP, Marie Spang et Rachel Gantner du Collectif, et Yolande Peisl-Gaillet d’Unia.

Public, privé, milieu étudiant, le Collectif fribourgeois s’organise partout pour que la Grève féministe soit un succès. Des arrêts de travail pourraient avoir lieu dans le secteur public

La Grève féministe aura-t-elle autant de succès cette année à Fribourg qu’il y a quatre ans où 12000 personnes avaient manifesté à la place des 3000 attendues? C’est en tout cas l’espoir du dynamique Collectif fribourgeois de la Grève féministe qui présentait son programme le 15 mai dernier. La mobilisation bat son plein, notamment dans le secteur public où une vraie grève est envisagée.

«Nous avons un cahier de revendications étoffé, entre autres pour la revalorisation du personnel de la santé, la réduction du temps de travail sur quatre jours sans perte de salaire, un congé parental d’un an. Mais le Conseil d’Etat a refusé d’entrer en matière. C’est assez choquant», explique Catherine Friedli, secrétaire syndicale du SSP. Au vu de ce rejet, le syndicat a saisi l’Office de conciliation qui pourra, faute d’accord, ouvrir le droit au personnel de l’Etat de faire grève. La syndicaliste appelle l’ensemble des salariés des secteurs public et parapublic à se mobiliser le 14 juin. Une pause prolongée est déjà prévue de 10h à 10h46, moment symbolisant l’inégalité des rentes des femmes. Dans les hôpitaux, cette pause est avancée d’une heure. «Nous voulons faire grève, nous refusons que l’Etat considère notre mobilisation comme une manifestation politique nationale et non pour nos revendications», ajoute-t-elle.

Pas d’examens à l’Uni

Côté public toujours, les étudiantes sont très actives au sein de l’Université de Fribourg où, première victoire, elles ont obtenu qu’aucun examen n’ait lieu le 14 juin. «Les étudiants occupent une place centrale dans la ville, ils représentent 20% de la population totale», souligne Jade Voirol. Elle informe qu’une pause aura aussi lieu entre 10h et 10h46 à l’Université, suivie d’un pique-nique à midi avant que les jeunes ne rejoignent la place rebaptisée Georgette-Pythonne où se rassembleront, dès 13h, les participantes à la Grève féministe. A l’Université, un travail a été mené avec le corps professoral et intermédiaire, indique la jeune femme. Des revendications communes ont été déposées au Rectorat. Parmi elles, la création d’un observatoire des violences et des discriminations, la mise en place d’une crèche et le respect de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.

Dans le privé, message à toute la société

Cosecrétaire régionale d’Unia Fribourg, Yolande Peisl-Gaillet ne tient pas à parler des actions se préparant dans le secteur privé. «Pas parce qu’il n’y en aura pas, mais parce que nous devons protéger des pressions et des représailles les travailleuses qui ont envie de bouger.» Elle rappelle que la lutte pour l’égalité s’apparente plus à un marathon qu’à un sprint et que beaucoup reste à faire. «Pour Unia, la Grève féministe du 14 juin est essentielle, car elle met en lumière la diversité et la multitude des inégalités que l’on doit malheureusement encore fermement combattre.» La syndicaliste évoque le travail quotidien d’Unia sur les lieux de travail, dans la vente, l’industrie, le nettoyage ou encore la coiffure, là où une grande partie des femmes sont «cantonnées à des métiers peu valorisés, bien qu’essentiels», pour soutenir celles et ceux voulant agir le 14 juin. «Les femmes ne s’adresseront pas forcément à leur patron, mais à la société tout entière qui continue à les maltraiter, au système patriarcal qui persiste à en faire des êtres de moindre valeur monétaire que les hommes.» Elle invite aussi les médias présents à participer plus activement à la transformation de la société «en faisant état chaque jour non seulement de toutes les inégalités et les discriminations dénoncées en grande pompe le 14 juin, mais aussi des évolutions positives, des exemples à suivre», et en laissant plus de place aux femmes. «Accueillez encore plus largement la diversité pour élargir le débat et faire évoluer les mentalités», dit-elle avant de conclure: «Le combat de la Grève féministe dans le monde du travail, c’est 365 jours par an. Mais les femmes d’Unia seront le poing levé le 14 juin pour exiger du respect, du temps, de l’argent.»

Plus de 20 manifestations en Suisse

Marie Spang et Rachel Gantner du Collectif de la Grève féministe fribourgeois précisent encore les raisons de se mobiliser le 14 juin: les 43% d’écart global de revenus entre hommes et femmes sur toute la vie active selon un rapport du Conseil fédéral, l’inégalité salariale qui persiste à 18%, le fiasco d’AVS 21, LPP 21, les violences sexistes, le racisme structurel, le manque de structures de garde, et bien d’autres. Elles plaident pour une grève visant à changer le système patriarcal qui exploite les femmes, les minorités de genre et tous ceux qui travaillent. «Nous avons un plan de société qui résonne pour beaucoup de monde», note Marie Spang.

«Le 14 juin prochain, au moins 20 manifestations sont prévues en Suisse, informe Rachel Gantner. A Fribourg, nous appelons toutes les femmes à nous rejoindre à la place Georgette-Pythonne dès 13h, et pour celles qui ne peuvent être là, à arborer un badge, un autocollant ou un T-shirt violet.» Au programme de la journée: à 13h33, moment représentant les 43% d’écart global, sera lu l’Appel à la grève, une action aura lieu à 15h24, heure où les femmes cessent d’être payées. Des prises de parole sont prévues à 17h et seront suivies, à 18h, par une grande manifestation.

Voir le programme du 14 juin en Suisse romande sur: grevefeministe.ch/14-juin-2023

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