General Electric: 140 postes de travail sauvés
Les procédures de consultation menées à la suite des licenciements chez General Electric sont terminées. Grâce à la détermination du personnel, 140 emplois ont pu être maintenus
Epilogue des deux procédures de consultation menées à la suite des licenciements collectifs concernant différentes divisions de General Electric (GE) dans le canton d’Argovie. Une clôture qui se termine par la sauvegarde de 140 emplois, informe dans un communiqué commun les syndicats Unia et Syna, la représentation du personnel, Employés Suisse et la Société des employés de commerce. Rappelons que le géant du secteur énergétique avait annoncé l’automne dernier la suppression de 562 places sur 619, temporaires inclus, dans son unité GE Grid à Oberentfelden, et de 84 postes dans celle de Gas Power, à Baden. Au final, 120 emplois ont pu être préservés dans la première structure et une vingtaine dans la seconde. «Chaque poste sauvé est un succès, d’autant plus dans le contexte ayant prévalu à General Electric qui, ces dernières années, a procédé à d’importantes coupes dans ses effectifs», commente Manuel Wyss, responsable suppléant du secteur industrie d’Unia. Pour le syndicaliste, ce résultat est à attribuer au remarquable engagement de la commission du personnel, qualifiée de très compétente, et à la forte mobilisation des employés avec le soutien des syndicats. Pour mémoire, les salariés avaient tenu des assemblées très fréquentées en ligne, organisées durant les heures de travail. Le 15 octobre dernier, quelque 300 ouvriers avaient en outre protesté devant le site d’Oberentfelden contre son démantèlement.
Un affront permanent
«Nous avons fait du bon travail, aussi avec le comité d’entreprise européen, mais au final, il reste quand même beaucoup de personnes qui perdent leur job», déplore le collaborateur d’Unia, déçu par l’abandon de la production même si, dans un avenir meilleur, il serait possible de la relocaliser et d’engager alors de nouveau du monde. «Le conflit avec une direction obnubilée par les cours boursiers et ne s’intéressant guère au maintien du tissu industriel a abouti à un dénouement inhabituel», soulignent encore les partenaires. Reste que la colère est vive face à la politique commerciale «désastreuse» de GE et à son «mépris du personnel». Entamées en 2016, les restructurations se sont enchaînées ces dernières années, détruisant des milliers d’emplois industriels. Aujourd’hui, précisent encore les auteurs du communiqué, le personnel a une revendication claire, demandant, enfin, de pouvoir effectuer son travail «en paix». «Les nombreux changements de cap des dernières années, avec autant de vagues de licenciements, constituent un affront permanent envers les employés. Une telle technique du salami, qui affaiblit dangereusement un des fleurons de notre industrie, n’est plus acceptable.»
A la Suisse d’agir
Manuel Wyss insiste encore sur les promesses non tenues du géant américain: «Repreneur d’Alstom, GE s’était engagé, lors du rachat, à ne pas démanteler le site et à garder les places de travail en Suisse.» Le collaborateur d’Unia se soucie désormais de la sauvegarde des postes restants. Une inquiétude partagée par les autorités argoviennes avec qui, précise-t-il encore, les syndicats ont noué d’étroits contacts sur ce dossier.
«Le problème, avec ces multinationales, réside dans le fait que la plupart du temps les décisions sont prises à l’étranger. En l’occurrence, à Paris mais surtout aux Etats-Unis. Il est alors difficile d’avoir de l’influence.» Dans ce contexte, le syndicaliste défend fermement l’idée, lors de changements de propriétaires d’entreprises, d’une intervention du gouvernement. «La Suisse devrait, dans ces cas de figure, procéder à des contrôles et conditionner les reprises à des dispositions de protection des emplois. Une mesure à intégrer dans la politique industrielle. Beaucoup de pays agissent déjà dans ce sens, notamment la France.»