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Inquiétudes dans l’horlogerie jurassienne

travailleuse de l'horlogerie
© Thierry Porchet

De nombreuses entreprises horlogères du Jura auront recours à la réduction de l'horaire de travail (RHT) dès le mois d'août.

Plusieurs entreprises auront recours au chômage partiel au retour des vacances horlogères pour faire face à la mauvaise conjoncture économique. Unia Transjurane se montre préoccupé

Les vacances horlogères battent leur plein, mais les travailleuses et les travailleurs du Jura ne sont pas aussi détendus qu’ils le devraient. En effet, pour certains d’entre eux, les vacances seront prolongées par du chômage partiel, notamment chez les sous-traitants. Ce recours à la réduction de l’horaire de travail (RHT) – indemnité versée aux entreprises afin de maintenir les emplois lors d’une baisse d’activité – se justifie par une mauvaise conjoncture économique en ce début d’année 2024. Il y a quelques jours, Swatch Group annonçait une baisse de 70,5% de son bénéfice net au premier semestre à cause de la diminution de la demande en produits de luxe en Chine, et plus largement en Asie.

«On a déjà senti le vent tourner ce printemps lorsque les entreprises ont massivement mis fin aux missions des employés temporaires, souvent frontaliers», constate Rébecca Lena, secrétaire régionale d’Unia Transjurane. «C’est un fait, les entreprises du secteur fonctionnent de plus en plus avec des intérimaires qui n’ont pas les mêmes conditions de travail et qui servent de variable d’ajustement: la mission peut être arrêtée du jour au lendemain. La mesure suivante est le recours à la RHT. Notre crainte, c’est que cela se poursuive. Nous sommes face à une grande incertitude.»

Il est encore trop tôt pour donner des chiffres clairs mais entre 30 et 40 entreprises auraient fait une demande de chômage partiel, ce qui est énorme pour le canton. Rébecca Lena ajoute que cela ne concerne pas toutes les sociétés, mais plutôt le bas et moyen de gammes alors que l’horlogerie de luxe se porte à merveille.

La responsable syndicale explique brièvement comment on en est arrivés là. «Après la pandémie de Covid-19 et les pénuries d’énergies qui avaient été annoncées, les entreprises ont paniqué car elles n’avaient plus de réserves. Les stocks ont été refaits, et maintenant ce sont les commandes qui sont à la peine, donc on se retrouve dans une situation compliquée.» Le Jura suisse accueillant beaucoup de sous-traitants – en première ligne car ils dépendent des commandes des manufactures horlogères – il est souvent le premier à être touché par les vagues de crise. Est-ce que les autres cantons romands y échapperont? Nous en saurons plus à la rentrée d’août...

Temps partiel encouragé dans le Tessin

Dans le Tessin, canton où Swatch Group est le plus grand employeur dans le secteur conventionné, trois mesures ont permis d’éviter la RHT… pour le moment. «Le groupe, actif dans l’assemblage de pièces, a favorisé le temps partiel sur la base du volontariat», explique Matteo Poretti, secrétaire syndical d’Unia Tessin. «Entre 80 et 100 travailleurs et travailleuses en bénéficient aujourd’hui.» Par ailleurs, il explique que les entreprises horlogères romandes qui ont mis fin aux contrats de leurs intérimaires ont recours à des employés fixes du Tessin, appelés ponctuellement pour renforcer les équipes locales. «Enfin, il est maintenant possible pour les employeurs tessinois de baisser le temps de travail à 20 heures par semaine au lieu de 40 heures, tout en maintenant le salaire à 100 %. Les heures négatives ne peuvent pas dépasser le nombre de 100, et devront être rattrapées avant avril 2026», explique Matteo Poretti. «C’est le compromis que nous avons trouvé pour éviter les licenciements et le chômage partiel. Nous n’avons pas trop d’inquiétude à ce jour mais si la mauvaise conjoncture économique devait perdurer en 2025, ce sera une autre paire de manches!»

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