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Israël accusé de crime contre l’humanité
Dans un imposant rapport, Amnesty International dévoile le système d’oppression et de domination infligé au peuple palestinien, qualifié d’apartheid. Israël doit rendre des comptes, exige l’ONG
L’apartheid, c’est la discrimination, voire l’exclusion, d’une partie de la population qui ne dispose pas des mêmes droits, lieux d’habitation ou emplois que le reste de la collectivité. Cela nous rappelle des sombres moments de l’histoire de l’Afrique du Sud, où la ségrégation des Noirs a été la règle jusqu’en 1991. Depuis, le droit public international l’a interdit. Un temps révolu, donc? A en croire l’ONG Amnesty International, non. Dans son dernier rapport accablant, celle-ci accuse les autorités israéliennes de crime d’apartheid contre la population palestinienne.
Le rapport de 182 pages s’appuie sur des travaux d’ONG palestiniennes, israéliennes et internationales menés en Israël, dans les territoires palestiniens occupés (TPO) ainsi qu’auprès des réfugiés déplacés dans d’autres pays. Les constats récurrents de saisies massives de biens fonciers et immobiliers palestiniens, les homicides illégaux, les transferts forcés, les restrictions draconiennes des déplacements, ainsi que le refus de nationalité et de citoyenneté opposé aux Palestiniens, sont, d’après Amnesty International, autant de facteurs constitutifs d’un système qui peut être qualifié de crime contre l’humanité d’apartheid tel qu’il est défini dans le Statut de Rome et la Convention sur l’apartheid. Prenons un exemple parmi tant d’autres, sans doute le plus criant: celui qui a débuté en 2018, quand des Palestiniens de la bande de Gaza commencent à organiser des manifestations hebdomadaires le long de la frontière avec Israël, pour revendiquer le droit au retour des réfugiés et exiger la fin du blocus. Des hauts responsables israéliens ont averti que tout Palestinien s’approchant du mur serait visé par des tirs, rapporte Amnesty. A la fin de l’année 2019, les forces israéliennes avaient tué 214 civils, dont 46 enfants.
«Que ce soit dans la bande de Gaza, à Jérusalem-Est, à Hébron ou en Israël, la population palestinienne est traitée comme un groupe racial inférieur et elle est systématiquement privée de ses droits. Nous avons conclu que les politiques cruelles de ségrégation, de dépossession et d’exclusion mises en œuvre par Israël dans tous les territoires sous son contrôle constituent clairement un apartheid. La communauté internationale a le devoir d’agir», a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
En toute impunité...
Israël doit rendre des comptes et des sanctions devront être prononcées, appelle l’organisation dans sa synthèse, qui exige également de la Cour pénale internationale qu’elle reconnaisse le crime d’apartheid et qui encourage tous les Etats à exercer la compétence universelle afin de traduire en justice les personnes responsables de crimes d’apartheid.
«Absolument rien ne justifie un système reposant sur l’oppression raciste institutionnalisée et prolongée de millions de personnes, poursuit Agnès Callamard. L’apartheid n’a pas sa place dans notre monde et les Etats qui choisissent d’être complaisants avec Israël se trouveront du mauvais côté de l’Histoire. Les gouvernements qui continuent à livrer des armes à Israël et à lui éviter l’obligation de rendre des comptes à l’ONU soutiennent un système d’apartheid, sapent la législation internationale et exacerbent les souffrances du peuple palestinien. La communauté internationale doit reconnaître la réalité de l’apartheid imposé par Israël et étudier les nombreuses pistes judiciaires qui restent honteusement inexplorées.»
Réparer
Les choses doivent et peuvent changer, selon Amnesty International. Pour aller de l’avant, l’organisation demande qu’il soit tout d’abord mis fin à la pratique brutale des démolitions de logements et des expulsions forcées, qu’Israël reconnaisse le droit des réfugiés palestiniens et de leurs descendants de rentrer sur les lieux où eux ou leurs familles vivaient autrefois, et que soient accordées des réparations complètes aux victimes d’atteintes aux droits humains et de crimes contre l’humanité. «Israël doit démanteler le système d’apartheid et traiter les Palestiniens comme des êtres humains, en leur accordant l’égalité des droits et la dignité. Tant que ce ne sera pas le cas, la paix et la sécurité resteront hors de portée des populations israéliennes et palestiniennes», conclut la secrétaire générale d’Amnesty International.