Exténué. Littéralement vidé. Emotionnellement. Physiquement. Mentalement. Sans plus aucune envie... Voilà quelques symptômes du burn-out. Un mal qui a déjà frappé une personne sur six selon un récent sondage de la SSR. Cette dernière rapporte encore que l’épuisement professionnel se révèle plus répandu en Suisse romande que dans le reste du pays. Et qu’il frappe davantage les travailleuses et les personnes à faibles revenus. Un actif sur quatre estimerait en outre que le surmenage et ses conséquences terrassantes le guettent. Des informations propres à nourrir, une nouvelle fois, la réflexion sur la souffrance que peut engendrer le travail et son poids dans l’existence, au point de nous rendre malades. A s’interroger sur les causes à l’origine de cette fatigue profonde, physique et psychique, et les moyens de la prévenir. A tenter de comprendre pour quelles raisons les femmes sont majoritaires parmi les victimes. Sur ce dernier point, les hypothèses sont plutôt solides. Les travailleuses continuent souvent à être confrontées à des doubles journées, assumant toujours la plus grande partie des tâches ménagères et l’aide aux proches. La charge mentale résultant de cet engagement constitue un facteur de stress et d’épuisement supplémentaire évident. Les femmes se révèlent en outre aussi majoritaires dans les métiers les moins bien rémunérés, terreau plus fréquent, selon les résultats du sondage, de burn-out. Le commerce de détail, le nettoyage, les soins, l’hôtellerie-restauration sont autant de domaines dans lesquels elles sont surreprésentées et où les salaires, trop généralement, ne permettent pas de vivre dignement. Les deux derniers secteurs mentionnés connaissent en outre une pénurie de main-d’œuvre qui se répercute aussi sur le personnel. Entre surcharge de travail et rémunérations guère attractives, c’est la quadrature du cercle. L’argent qui manque à la fin du mois peut également rajouter au stress et fragiliser une situation critique. La SSR précise par ailleurs que seules 13% des personnes gagnant plus de 9000 francs ont déjà souffert de burn-out! Une certaine reconnaissance traduite par une haute rémunération offre-t-elle un bouclier protecteur et une confiance renforcée dans le droit de poser des limites? Probable...
Autre élément intéressant du sondage: l’épuisement professionnel a la même prévalence parmi les personnes œuvrant à 100% que celles partiellement employées. Plus encore que la charge de travail, c’est donc l’intensité, le rythme qui entrent en jeu, générant potentiellement un stress répété pour terminer des activités dans des délais donnés. Et interrogeant sur le taux d’occupation versus la somme des tâches demandées.
La porosité accrue entre vie professionnelle et vie privée, favorisée par la technologie, rajoute par ailleurs une couche dans les dangers d’un trop-plein. Et empêche parfois de tirer la prise au détriment d’un indispensable équilibre... Une sursollicitation qui peut là encore, à terme, se payer cash.
Quoi qu’il en soit, au-delà des différents cas de figure, tous les professionnels de la santé au travail s’accordent sur les profils à risque de burn-out: il s’agit généralement de personnes particulièrement investies dans leur tâche, perfectionnistes et d’une grande fiabilité. Des qualités susceptibles de se retourner contre elles sur un marché de l’emploi où pressions et attentes ne cessent de croître. Où une concurrence acharnée dicte la cadence. Où trop souvent les travaux à accomplir sont pour hier. Où la productivité a fortement augmenté. Si chacun est appelé à maintenir une certaine distance avec son travail et à prioriser les pseudo-urgences, l’employeur doit aussi s’assurer du bien-être de ses collaborateurs et les préserver d’une surcharge chronique particulièrement nuisible à leur santé. Et ce quand bien même le burn-out n’est aujourd’hui toujours pas reconnu comme une maladie professionnelle.