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La 5G ou le déni de la démocratie?

Les opposants à la 5G ne décolèrent pas. Et on les comprend, tant l’opacité et la mise en service quasi sauvage des antennes dernière génération nient les principes démocratiques et ceux de précaution. Fin décembre, plusieurs associations* dénonçaient dans un communiqué «le tour de passe-passe» illégal du Conseil fédéral. Ce dernier a modifié l’Ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (ORNI) concernant la puissance des antennes adaptatives. Des dépassements sont dès lors possibles, même si la moyenne d’émission dans un laps de temps de six minutes doit respecter les valeurs limites. L’argumentation de cette mesure ubuesque est que les antennes 5G émettent de manière plus ciblée. Reste qu’elles peuvent propager de multiples faisceaux en même temps, et nécessitent davantage d’énergie pour traverser des obstacles (arbres, maison…). Et si le temps de dépassement est certes très court, quid de la multiplication répétée de pics de rayonnement à l’heure où l’on dénombre déjà plus de 6600 antennes 5G sur le territoire suisse? Et alors que Swisscom, Salt et Sunrise UPC en espèrent 30000!

Près de trois communes sur quatre sont déjà dotées d’une antenne adaptative. Or, il n’existe pas de carte exhaustive publique. Cette opacité de l’OFCOM et des opérateurs augmente encore la défiance de la population. Le Conseil fédéral, de surcroît, semble faire la sourde oreille aux plus de 3000 oppositions de citoyens, à deux recours au Tribunal fédéral et à trois initiatives cantonales de Genève, du Jura et de Neuchâtel demandant un moratoire sur le développement du réseau 5G. Des associations dénoncent régulièrement ses potentielles répercussions délétères sur la santé et sur l’environnement. De nombreuses personnes électro-sensibles en paient déjà le prix fort. Les débats se polarisent aussi autour du coût énergétique de ce dit «progrès», essentiel pour les uns, inutile et dangereux pour les autres. Tant de questions méritent un véritable débat citoyen dans une optique de bien commun. Car quel est l’apport au bien-être général d’avoir un frigo connecté ou d’envoyer un message encore plus vite, d’une connexion addictive qui paradoxalement renforce les solitudes, ou encore d’une surveillance généralisée favorisée par ces nouveaux réseaux?

Le frein à la course à la 5G viendra-t-il du ciel? Cela semble peu probable. Reste que depuis quelques mois, des compagnies aériennes s’inquiètent de potentielles interférences entre les nouveaux réseaux de téléphonie mobile et les radioaltimètres – qui mesurent à bord des avions la distance avec le sol. En janvier, des opérateurs de téléphonie américains ont ainsi décidé de suspendre le déploiement de la 5G à proximité des aéroports. En Europe et en Suisse, la situation est également observée attentivement. Un crash d’avion est toutefois peu probable. Mais qu’en est-il de l’humanité?

* Stop 5G, Stop 5G Glâne, Jura non 5G, 4G ça suffit et Schutz vor Strahlung.