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La chaleur tue toujours plus de travailleurs

Ouvrier agricole au Mexique
© OIT

Le changement climatique augmente les risques en matière de santé et de sécurité pour tous les travailleurs du monde, par exemple pour les ouvriers agricoles dans les serres de Jalisco, au Mexique. 

Le dernier rapport de l’OIT met en lumière l’impact du stress thermique sur les travailleuses et travailleurs du monde entier. Les syndicats ont un rôle clé à jouer dans leur protection.

«La chaleur est un tueur silencieux qui menace la santé et la vie de plus en plus de travailleurs dans toutes les régions du monde», affirme un nouveau rapport de l’Organisation Internationale du Travail (OIT), publié le 25 juillet. Intitulé «La chaleur au travail: Implications pour la sécurité et la santé», la recherche met en garde contre l'augmentation du nombre d’employés exposés au stress thermique dans le monde. Des zones qui n’étaient pas soumises à des chaleurs extrêmes y seront bientôt confrontées, alors que dans les régions déjà chaudes, les travailleurs devront exercer dans des conditions de plus en plus dangereuses.
Le stress thermique a des conséquences immédiates, relève l’OIT, comme le coup de chaleur pouvant entraîner la mort, mais il peut également entraîner à terme de graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux chez les travailleurs.

En chiffres
L’étude de l’OIT montre que ce sont les travailleurs d'Afrique (92,9%), des États arabes (83,6%) et d'Asie Pacifique (74,7%) qui sont le plus exposés aux chaleurs excessives, sachant que la moyenne mondiale était de 71 % en 2020.
Là où l’évolution s’avère la plus rapide, c’est en Europe et en Asie centrale: entre 2000 et 2020, la proportion de travailleurs concernés par l'exposition à la chaleur excessive a augmenté de 17,3 %, soit près du double de la hausse moyenne mondiale.
Au total, 231 millions de travailleurs ont subi des vagues de chaleur en 2020, soit une augmentation de 66 % par rapport à 2000, dont 4200 ont perdu la vie cette année-là.
Les accidents du travail dus au stress thermique ont eux aussi explosé en vingt ans, notamment aux Amériques, en Europe et en Asie centrale.
«Alors que le monde continue de lutter contre la hausse des températures, nous devons protéger les travailleurs contre le stress thermique tout au long de l'année», soulève Gilbert F. Houngbo, directeur général de l’OIT. «La chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l'année, et pas seulement pendant les périodes de canicules intenses.»

Il faut agir
L’impact de la chaleur sur les travailleurs du monde entier est en train de devenir un problème mondial qui demande une action, alarme l’OIT.
L'amélioration des mesures de sécurité et de santé pour prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail pourrait permettre d'économiser jusqu'à 361 milliards de dollars dans le monde, en perte de revenus et en frais de traitement médical, souligne la recherche. Les économies à faibles et moyens revenus, en particulier, sont les plus touchées, car les coûts des blessures dues à une chaleur excessive sur le lieu de travail peuvent atteindre environ 1,5 % du PIB national.
«Il s'agit d'une question de droits de l'homme, de droits des travailleurs et d'une question économique, et les économies à revenu intermédiaire sont les plus touchées», ajoute le directeur général de l’OIT. «Nous avons besoin de plans d'action contre la chaleur tout au long de l'année et d'une législation pour protéger les travailleurs, ainsi que d'une collaboration mondiale plus forte entre les experts pour harmoniser les évaluations du stress thermique et les interventions sur le lieu de travail.»

Syndicats en première ligne
Après la publication de ce rapport, la Confédération syndicale internationale (CSI) a réagi par voie de presse pour insister sur le rôle essentiel joué par les syndicats dans cette lutte contre le stress thermique. Les organisations de travailleurs doivent protéger la main-d’œuvre contre cette menace posée par le changement climatique, revendique la CSI. «À mesure que le changement climatique s’intensifie, le rôle des syndicats dans la défense de conditions de travail sûres n’a jamais été aussi crucial», souligne Luc Triangle, secrétaire général de la CSI. «Les travailleurs et les travailleuses doivent pouvoir bénéficier du droit d’organisation et de la liberté syndicale pour veiller à faire entendre leur voix, à garantir leur sécurité et à protéger leur santé. La défense de ces droits fondamentaux n’est pas seulement une question juridique, mais une nécessité pour continuer d’œuvrer dans un contexte plus complexe.»
Dans ce sens, la faîtière syndicale internationale appelle tous les gouvernements et employeurs à s’engager à renforcer leurs politiques et pratiques visant à lutter contre le stress thermique par le biais du dialogue social et de la négociation collective. «Les syndicats doivent faire partie intégrante de ces discussions afin de garantir la pertinence et l’efficacité des politiques visant à faire face à l’accroissement rapide de l’impact du stress thermique sur les travailleurs et les travailleuses.»

Le rapport est disponible en anglais ici 

 

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