Le b.a.ba de la communication non violente
La CNV se fonde sur quatre étapes: observer sans juger (observer les faits sans les interpréter, voir le réel, c’est-à-dire ce qu’on peut photographier); exprimer son ressenti en disant «je»; puis clarifier son besoin (ou ses attentes déçues) en lien avec le ressenti; et enfin, formuler une demande claire sans exiger.
Citant le sage indien Krishnamurti – «Observer sans évaluer est la plus haute forme d’intelligence humaine» – ou Epictète – «Ce ne sont pas les événements qui troublent le cœur des hommes, mais l’idée qu’ils s’en font» –, Gabriel Delaunoy souligne: «Quand on communique à l’ancienne, les émotions, les faits et les interprétations sont emmêlés. Ça part dans tous les sens. Or, il s’agit de distinguer les faits de nos interprétations. Afin d’éviter de se faire des histoires sur les autres et vice versa.» Et de raconter la mésaventure d’un couple qui, dès sa nuit de noces, est entré dans une spirale infernale d’incompréhensions. Le jeune marié voyant son épouse près du barman de l’hôtel a cru qu’elle le draguait. Il ne lui a pas posé de question, mais sa confiance a été rompue jusqu’à ce que treize ans après, au bord du divorce, il lui en parle enfin lors d’une médiation avec Gabriel Delaunoy. «L’épouse avait tout simplement demandé au barman des cartes pédestres pour leur randonnée du lendemain… Ils n’ont finalement pas divorcé.» Mais que de souffrances inutiles pour une interprétation erronée et jamais vérifiée.
Témoignage
Un des participants a suivi ce cours pour la deuxième fois. Il témoigne: «La CNV est mal comprise. Beaucoup de gens pensent que cela signifie de ne plus s’insulter par exemple. Mais c’est beaucoup plus profond. C’est une question de sentiment. Lors de mon premier cours, je ne m’attendais pas du tout à ça. Je me suis rendu compte que je vivais beaucoup dans le “Je doisˮ, “Il fautˮ, qui sont aussi des manières d’être violent avec soi-même. Et on utilise, pardon, j’utilise cette même violence contre les autres. Après ce premier cours, beaucoup de choses ont changé dans ma vie privée. Revenir, c’est me permettre de comprendre un peu mieux, de pratiquer davantage. J’encourage tout le monde à suivre cette formation.»
La communication bienveillante en famille
«Tant de parents disent avoir raté leur éducation. Or, le problème, c’est de penser que l’éducation peut garantir un résultat. On n’éduque pas dans le but de…, sinon cela signifie que vous êtes plus intéressé par vos attentes que par votre gamin. “Avec tout ce que j’ai fait pour lui, il m’a tellement déçuˮ est une phrase si courante, alors que la déception est en fait un jugement. Votre enfant n’est pourtant pas responsable de vos attentes!» assène Gabriel Delaunoy.
Le médiateur estime que ne donner que des réponses ou des conseils à un enfant, c’est déjà une manière de s’intéresser à soi-même, puisque c’est se considérer comme une référence. «Mon ego se pavane. Alors que, selon Socrate, un bon pédagogue, loin d’être celui qui donne les bonnes réponses, est celui qui pose de bonnes questions. L’important, c’est le processus.»
Gabriel Delaunoy rappelle aussi que c’est un chantier perdu que de vouloir changer son conjoint: «L’autre a le droit d’être ce qu’il est. Reprocher quelque chose à quelqu’un ne l’aide pas à changer. C’est aussi vain et violent que de frapper un cheval blanc parce qu’on aimerait qu’il soit noir.» Empathie, connaissance de soi et authenticité dans la relation permettent d’exprimer ses sentiments en responsabilités. «Je suis en colère parce que j’ai besoin de…» remplace alors l’accusation «je suis en colère parce que tu…». «Tu m’énerves» ou «cette situation m’énerve» devient, «je m’énerve, car j’ai des attentes, j’aurais aimé que, ou je m’attendais à…, etc.».