Prevhor offre un complément financier significatif au moment de la retraite et soutient la formation professionnelle continue dans les industries horlogère et microtechnique
La Fondation de prévoyance des industries horlogère et microtechnique suisses (Prevhor) a fêté le 24 mai dernier à La Chaux-de-Fonds son 50e anniversaire.
Le projet de cette fondation avait été imaginé dans les années 1960 au sein du syndicat FOMH (devenu FTMH, puis Unia) et porté par le secrétaire central en charge de l’horlogerie, Lucien Huguenin. Rappelons qu’à l’époque, la prévoyance professionnelle n’était pas aussi développée qu’aujourd’hui, le système des trois piliers n'existait pas et les travailleurs se retrouvaient fort démunis au moment de quitter la vie active. L’idée était donc de fournir un complément à l’AVS et à l’AI financé par les entreprises, mais aussi de consolider le syndicat et les associations patronales en rendant les partenaires sociaux signataires de la Convention collective de travail (CCT) plus représentatifs. En septembre 1969, devant l’assemblée patronale horlogère, Lucien Huguenin défendit la proposition, qui fut bien reçue. Un an plus tard, la nouvelle CCT des industries horlogère et microtechnique intégra cette innovation. Prevhor fut créée officiellement le 17 novembre 1971. Ce 50e anniversaire a toutefois été repoussé de deux ans pour cause de pandémie.
«Prevhor est un système aussi original qu’ambitieux en ce sens que la fondation est financée exclusivement par les employeurs, mais gérée paritairement et profitant pour l’essentiel aux travailleurs syndiqués. C’est une construction unique en Suisse et en Europe, sans parler du reste de la planète», a détaillé Jean-Claude Rennwald, ancien responsable de l’horlogerie chez Unia invité à s’exprimer lors de la petite cérémonie qui a marqué l’événement au Grand Hôtel Les Endroits.
Dialogue entre patronat et syndicats
L’actif de Prevhor, qui dépasse aujourd’hui les 300 millions de francs, est alimenté chaque année par une contribution des entreprises. A cela s’ajoute le rendement d’un parc immobilier de 40 immeubles abritant 866 appartements. Chaque année, la Fondation émet des certificats Prevhor, qui confèrent à son titulaire un droit pécunier sur la fortune de la fondation à faire valoir au moment de la retraite (voir les modalités ci-dessous). En plus de la prévoyance, la fondation encourage la formation continue en finançant des cours organisés par les syndicats et les associations patronales. Les membres des syndicats peuvent suivre non seulement des formations en horlogerie, mais aussi des cours de langues et d’informatique, ainsi que réaliser des bilans de compétence. «En offrant aux travailleurs de l’horlogerie et de la microtechnique un complément financier significatif au moment de la retraite et en finançant la formation professionnelle continue, Prevhor participe à cette paix du travail qui fait la force de notre pays», estime Thierry Béguin.
L’ancien conseiller d’Etat neuchâtelois préside le comité de direction de l’institution. La présidence de la fondation est, quant à elle, occupée à tour de rôle par des représentants des partenaires sociaux. Président de la Convention patronale de l’horlogerie et, par ailleurs, conseiller aux Etats, Philippe Bauer a passé le témoin à Raphaël Thiémard. Le responsable de l’horlogerie pour Unia occupera la présidence durant une année. «Prevhor nous donne l’occasion de maintenir le dialogue entre patronat et syndicats autour d’un projet commun. Le respect entre partenaires sociaux dans l’horlogerie doit beaucoup à Prevhor. L’institution remplit ses objectifs, c’est un succès. Et c’est aussi un outil pour syndiquer les salariés», explique Raphaël Thiémard.
Dans son discours, le nouveau président a évoqué deux défis à relever. Le premier concerne le volet formation de la fondation. La fréquentation des cours est en baisse depuis plusieurs années et le responsable syndical espère en «renouveler les modalités» afin d’assurer leur pérennité. Ensuite, en ce qui concerne la rénovation du parc immobilier, il ne faut pas, «face au dérèglement climatique», se contenter de s’en tenir aux «normes minimales», mais faire preuve «d’autant d’audace et de vision que l’horlogerie».
Etre syndiqué dans l’horlogerie, ça paie
Les membres des syndicats travaillant dans l’horlogerie ou la microtechnique se voient remettre chaque année des bons Prevhor, soit un certificat attribuant à son titulaire un certain nombre de parts conférant chacune un droit pécunier sur la fortune de la fondation. La valeur de ces parts est déterminée chaque année par le conseil de fondation sur la base de la fortune à disposition et du nombre de parts en circulation. Pour 2023, le certificat comprend trois parts de 133 francs, soit 399 francs. Toutes ces parts sont à faire valoir au moment de la retraite ou, au plus tôt, cinq ans avant. Un horloger partant à la retraite cette année et qui dispose de tous les certificats depuis 1974 pourra empocher 63321 francs. Ce n’est pas négligeable, mais, attention, il y a deux conditions pour toucher les bons. D’abord, il faut travailler dans une entreprise signataire de la CCT et, ensuite, être membre d’Unia ou de Syna. Les non-syndiqués ne peuvent toucher que les bons patronaux et ceux-ci ne sont distribués qu’à partir de l’âge de 58 ans. «Cet avantage financier et matériel en faveur des travailleurs syndiqués occupés dans une entreprise conventionnée constitue une reconnaissance pour tous ceux qui, par leur engagement syndical et leurs cotisations, participent à l’amélioration des conditions de travail et à la consolidation du partenariat social», souligne Jean-Claude Rennwald. A noter encore que les certificats sont remboursés à leurs titulaires ou à leurs héritiers en cas d’invalidité, de décès ou de départ à l’étranger.
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